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Disney+
Peter Pan et Wendy

D'abord envisagé pour une sortie en salle, Peter Pan et Wendy est finalement proposé mondialement sur Disney+ le 28 avril 2023. Le long métrage dispose d'un unique doublage francophone dont la particularité est de réunir à la fois des comédiens français et québécois.

L'intrigue

Wendy Darling, une jeune fille effrayée de laisser derrière elle la maison de son enfance, rencontre Peter Pan, un garçon qui refuse de grandir. Avec ses frères et la fée Clochette, elle voyage avec Peter jusqu'au Pays imaginaire. Là, elle rencontre un pirate maléfique, le capitaine Crochet, et se lance dans une aventure excitante et dangereuse qui changera sa vie à jamais...

Analyse de l'oeuvre

Comme s'il n'en existait pas déjà des centaines, voire des milliers, revoici donc une nouvelle proposition long métrage de l'histoire de Peter Pan écrite à l'origine par J. M. Barrie dans un roman en 1902. Cela ne nous rajeunit pas, sauf Peter qui lui, comme chacun le sait, ne vieillit jamais. Un peu comme le studio Disney qui s'est endormi sur ses lauriers, ne sachant plus vraiment produire d'oeuvres originales, se contentant de recycler à l'infini toujours les mêmes intrigues. Peter Pan est donc, une fois de plus, de retour flanqué d'une Wendy qui va s'enticher de le mener par le bout du nez. Pour le moins, voici la principale originalité du récit qui fait basculer, pour la première fois, la balance vers la jeune fille en lui dépouillant à peu près tous ses habituels faits d'armes. Est-ce un juste retour des choses quand l'on sait que le premier film de 1924 et la pièce de théâtre de l'époque était joués par une femme ? L'autre particularité de l'intrigue, c'est que Wendy ne croit pas une seule seconde en l'existence de Peter Pan, ce qui met à mal la présence de l'ombre de celui-ci cachée dans la commode. Pour autant, dans l'absolu, rien d'autre ne change vraiment, on se retrouve avec une bande de jeunes téléportés au Pays Imaginaire, pensant vivre une expérience merveilleuse, mais qui doivent finalement encore affronter de sinistres pirates qui chantent, Disney oblige.

Pour Peter Pan et Wendy, le studio Disney bouscule la psychologie des deux personnages principaux par rapport au film d'animation, mais aussi de la majorité des adaptations concurrentes. Plus ou moins, c'est Peter qui est dépouillé de la plupart de ses caractéristiques habituelles qui sont transmises à Wendy. A l'inverse, Peter récupère la plupart des caractéristiques de Wendy qui devient la "jeune fille" traditionnelle à sauver. Une métamorphose si radicale qu'elle a des conséquences inattendues, particulièrement sur Clochette dont la jalousie maladive, tout autant que légendaire, a complètement disparue du récit. On a tellement retiré les caractéristiques du personnage que Yara Shahidi a tout le mal du monde à s'imposer dans l'intrigue. En retirant tout l'aspect piquant et espiègle de Clochette, la petite fée en est réduite à sa plus simple expression de pantomime mais dont les rares blagues tombent complètement à plat. Une même constatation que l'on retrouve avec Jean et Michel qui, encore plus que dans la version animée, sont des potiches parfaitement anecdotiques. Ils ne sont jamais utiles, n'ont jamais leur minute de gloire, n'apportent jamais leur pièce à l'édifice narratif ce qui finit par les réduire à une présence forcée, tout simplement parce qu'on ne pouvait pas imaginer ne jamais les voir dans le film. Pourtant, ils ne sont que de simples figurants au milieu d'une multitude d'autres. Même chose d'ailleurs pour Lily la Tigresse qui n'est qu'un faire valoir pour bien mettre en valeur Wendy.

L'autre gros ratage de Peter Pan et Wendy concerne le Pays Imaginaire. Je ne sais pas ce qui est passé dans la tête des décideurs de Disney, mais il convient de dire que le film manque cruellement d'imagination. Le Pays Imaginaire n'est rien de plus qu'un énorme caillou aride qui ne fait absolument pas rêver, à la seule exception du tout début du film où l'on aperçoit des sirènes, seuls éléments fantastique et fantaisiste du long métrage. Tout le reste est extrêmement austère, sans charme, froid, sans caractère et avec des couleurs affreusement ternes. Peter Pan et Wendy en devient visuellement très déprimant, alors que l'intrigue ne s'y prête pas totalement. Pour preuve, même le début de la saison 3 de Once Upon A Time, dont le récit est tout aussi intimiste, a plus de charme dans un petit décor de studio entouré des mêmes plantes vertes durant dix épisodes, que ces grands paysages tristounets proposés par Peter Pan et Wendy. Tout est tellement maussade qu'on a beaucoup de mal à reconnaître les endroits iconiques du film d'animation. Même le petit clin d'oeil au film de 1924, concernant les alentours de la "Maison Arbre", tombe complètement à plat. Pour une raison assez inexplicable, c'est une véritable maison, façon Robinson Crusoé posée au milieu de nulle part, qui tient de repaire de la bande à Peter. On est à deux doigts de crier à l'hérésie. Bref, l'un des points forts de toutes les adaptations de Peter Pan rate ici complètement le coche en termes d'ambiance. Ce Pays Imaginaire ne donne aucune envie d'y aller, encore moins d'y retourner, ce qui rend l'obsession de Crochet à rester sur place assez incompréhensible.

Toutefois Peter Pan et Wendy propose un élément plutôt qualitatif : la relation entre Peter et Crochet. Les scénaristes Toby Halbrooks et David Lowery ont visiblement cherché à apporter un peu plus de profondeur dans leur relation que d'ordinaire, en leur offrant une touche de complexité et une redéfinition du passé de Peter Pan. Dommage qu'un certain Régis Loisel ne soit déjà passé par là trois décennies plus tôt, à travers sa célèbre bande dessinée en six volumes qui était allée bien plus loin dans la complexité psychologique des deux personnages. Cependant, cette nouvelle révision Disney reste, dans son ensemble, assez sympathique puisqu'elle apporte un côté sensible à Peter. Elle donne aussi une plus grande consistance au rejet par Peter du monde des adultes. Dommage que leur relation soit quelque peu parasitée par Wendy, qui prend presque toute la place dans le récit, tout en réussissant l'exploit de leur tirer les vers du nez en même temps. Je trouve ça dommage car Alexander Molony propose une très belle interprétation du jeune homme tiraillé entre son ancienne amitié perdue, qui lui cause ses tracas actuels, et sa confrontation avec Crochet qui veut à tout prix se débarrasser de lui. Dans le rôle de Crochet, on retrouve un Jude Law assez méconnaissable qui alterne entre le cabotinage et la rage intérieure qu'il a bien du mal à contenir. Les deux acteurs partagent d'ailleurs de très belles scènes ensemble, ce qui rend d'autant plus regrettable d'avoir mis autant en avant Wendy. Sincèrement, le film aurait dû s'appeler Peter Pan et Crochet, que ça lui aurait beaucoup mieux convenu. Mais, pour question de diversité imposée, Disney a réellement raté une belle occasion d'avoir une belle histoire "amitié/passion/haine" qui aurait été plus efficace en réduisant le rôle de la jeune fille.

N'ayant quasiment plus rien à voir avec le film d'animation, dont il ne partage que quelques gros clins d'oeil appuyés, Peter Pan et Wendy se laisse voir mais ne brille malheureusement pas suffisamment pour en faire un bon film. C'est d'autant plus regrettable que les auteurs cachés derrière ce film sont les mêmes que pour le remake de Peter et Elliott, le dragon. Or, celui-ci offrait un spectacle de bien meilleure facture. Ici, tout est terne : le scénario, la colorimétrie, l'insipide Pays Imaginaire qui n'incite pas à rêver, des dizaines de seconds couteaux relégués à des rôles figuratifs, une Clochette dont on a coupé toute espièglerie, une Wendy envahissante ayant, en plus, la main leste, un Peter Pan un tantinet dépressif qui a perdu tout son mordant, un Capitaine Crochet au regard à moitié éteint et quelques chansons dont on oublie la teneur une fois entendues. Certes, le COVID est passé par là en rebattant les cartes de la production, mais ça n'excuse vraiment pas tout. De l'ambition initiale d'en faire un long métrage cinéma, Peter Pan et Wendy a surtout l'étoffe d'un gentillet téléfilm du dimanche dont le bateau délabré a échoué en toute logique sur Disney+, refuge idéal de la rentabilité à défaut de la qualité.

Olivier J.H. Kosinski - 15 décembre 2023

Bande annonce

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La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage Commun (France / Québec - 2023)

Le doublage réunit des comédiens français et québécois

Peter Pan : Oscar Douieb

Wendy Darling : Clara Quilichini

Michel Darling : Oscar Vaillancourt

Nibs : Léo Côté

Fée Clochette : Aurélie Konaté

George Darling : Pierre Tessier

Mary Darling : Léovanie Raud

Capitaine Crochet : Jean-Pierre Michaël

Monsieur Mouche : Gérard Darier

Lili La Tigresse : Charlotte Bizjak

Jean Darling : Noé Henri Rouillard

Frisettes : Lily Rose Régnier

Sources :
Carton Générique
Doublage au Québec

3.5