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Il était une fois... une fin d'époque !

Toutes les bonnes choses ont une fin ! Cependant, c'est un adage qui ne s'applique pas forcément dans le cadre d'une série télévisée américaine dont l'existence et l'hypothétique conclusion dépendent du bon vouloir des groupes télévisuels, plus particulièrement de leur niveau de satisfaction face aux indices d'audience. Once Upon A Time a cette particularité de déjà compter deux véritables conclusions (lors de la saison 3A, puis lors de la saison 6), mais également tout une ribambelle de portes de sorties dérobées permettant de s'arrêter en cours de route si l'on a fini par avoir la nausée. Si les deux derniers épisodes de la saison 6 ont véritablement été pensés pour servir de grand final, Edward Kitsis et Adam Horowitz ont quand même inséré des éléments irrésolus et un cliffhanger ne laissant aucun doute sur une saison 7. A ceci près que pratiquement tous les comédiens des six dernières saisons n'y reviennent pas ! Or, dans ce cas de figure, généralement ça passe ou ça casse.

Depuis toujours certaines séries ont survécues aux départs de leurs acteurs vedettes, tandis que d'autres se sont littéralement tirées une balle dans le pied. Par exemple, dès les années 1960, la série Mission : Impossible survit quatre longues années au départ fracassant du couple Martin Landau et Barbara Bain. Plus près de nous, la série Charmed continue cinq années après le départ de Shannen Doherty. Les séries ayant de nombreux personnages principaux tirent aussi leur épingle du jeu dans un roulement quasi permanent de ses personnages, à l'image des séries comme Drôles de dames, Urgences ou encore NCIS - Enquêtes spéciales. Il y a aussi le cas Doctor Who où il est inscrit dans l'ADN de la série que le personnage principal change continuellement de morphologie selon les époques, sans altérer le succès de la série. Mais d'autres se sont complètement cassées la figure après l'escamotage d'un ou plusieurs de leurs principales vedettes, on se souviendra notamment de la série Profiler, de The X-Files ou encore de Body of Proof qui voyait sa dernière saison portée uniquement par la seule rescapée des deux premières saisons Dana Delany.

Le soucis majeur par rapport à la fiction écrite ou bande dessinée qui ne dépend pas du bon vouloir de chacun des protagonistes ou bien en animation où l'on peut très bien déconnecter la voix du comédien et de son personnage, c'est que les séries télévisées sont étroitement liées aux comédiens qui incarnent les personnages à l'écran. Quand un comédien souhaite passer à autre chose, les producteurs se retrouvent face à une contrainte imprévue et ont alors généralement deux possibilités : faire disparaître le personnage, temporairement ou définitivement (Grey's Anatomy), ou bien remplacer le comédien qui reprend alors le même rôle (Les feux de l'amour, pardon je n'ai pas d'autre exemple aussi flagrant que celui-ci). Once Upon A Time ne peut évidemment pas envisager cette possibilité car, à la différence d'autres séries où un seul comédien s'en va, c'est quasiment tout le casting originel de la série qui n'a pas souhaité poursuivre l'aventure. Edward Kitsis et Adam Horowitz n'ont donc qu'une seule possibilité : construire une toute nouvelle histoire sans aucun rapport avec ce qui existait auparavant. Hormis les séries pensées et construites autour de la disparition volontaire des personnages, à l'image de Game of Thrones, il n'existe à ce jour qu'une seule série ayant parfaitement réussi cette même transition : Stargate SG-1.

En 2004, tout le monde est persuadé que l'escamotage de Richard Dean Anderson aura raison de Stargate SG-1, pourtant au plus fort de sa popularité malgré une qualité en baisse significative pour sa saison 8. Robert C. Cooper et Brad Wright font pourtant un pari des plus audacieux, relancer leur série fétiche avec de tous nouveaux comédiens et une intrigue entièrement nouvelle, le célèbre arc des Oris. Pour cela, ils vont démarrer la saison 9 en faisant porter le renouveau de la série sur les épaules d'un seul unique acteur originel, Michael Shanks dans le rôle du Dr Daniel Jackson. A cette époque, Amanda Tapping ne peut pas jouer car elle attend son premier enfant, elle ne fait donc qu'un petit caméo avant de réintégrer la série beaucoup plus tard. De son côté, l'histoire développée autour de Teal'c durant la saison 8 nécessite de retenir le personnage loin de la Terre et il n'est pas vraiment impliqué par les évènements du début de la saison 9. Contre toutes attentes, l'arc des Oris va étonnamment trouver son public, faire adopter ses nouveaux personnages et permettre à Stargate SG-1 de survivre encore deux longues années à un succès qui n'est finalement véritablement interrompu que pour une question de coût de production et les problèmes financiers de la MGM.

Pour Once Upon A Time, Edward Kitsis et Adam Horowitz vont aller bien au delà de ce qui a été accompli pour Stargate SG-1. Car si celle-ci avait changé les personnages et l'intrigue, elle avait quand même conservé son identité. La saison 7 de Once Upon A Time fait un pot-pourri à partir de son passif mais en proposant à la fois un remake, un reboot et une suite aux aventures des personnages issus de Storybrooke propulsés dans un tout nouveau lieu, le quartier fictif de Seattle, Hyperion Heights. Et si la première partie de la saison laisse planer le doute sur une future poursuite de la série, la seconde partie de la saison, puis la troisième et dernière vont, vaille que vaille, amener progressivement Once Upon A Time vers sa conclusion définitive.

Un renouveau désenchanté

Tout autant que ses personnages, Once Upon A Time s'était aussi forgé une réelle identité visuelle via la ville fictive de Storybrooke. La vrai ville de Steveston en Colombie Britannique avait parfaitement su retranscrire cet endroit figé en dehors du temps mais où la magie se dissimulait sous chaque pavé. En comparaison le quartier fictif de Seattle nommé Hyperion Heights, dont le tournage a en réalité été effectué dans la vrai ville de New Westminster en Colombie-Britannique, manque cruellement de charme, c'est une évidence. Edward Kitsis et Adam Horowitz choisissent également délibérément de renverser le rapport de force en opposant la lumineuse Storybrooke connue jusque là au ténébreux Hyperion Heights, comme la série Angel l'était à Buffy contre les vampires (oui, Edward Kitsis et Adam Horowitz piquent beaucoup de leurs idées au buffyverse). Là où la petite ville du Maine ne semblait pas véritablement dangereuse, le quartier de Seattle est lui mal famé, humide, glauque, que ce soit par rapport à son service de police qui semble complètement corrompu jusqu'à l'étrange boui-boui tenu par une barmaid franchement bizarre. Une chose est sûre, que l'on soit un fan de longue date ou un simple nouveau spectateur, la saison 7 de Once Upon A Time ne manque pas dérouter.

Pour autant, la disparition de l'intégralité du casting originel apporte un vent frais sur la série. Les lourds salaires engloutis par les anciens comédiens ayant été revus à la baisse grâce à la tripotée de nouveaux venus moins prestigieux, Once Upon A Time se dote régulièrement de tous nouveaux décors parfois plus charmants que durant la grande époque précédente. Si Hyperion Heights n'est incontestablement pas avenant, la série se rattrape dans ses tous nouveaux décors fantastiques. Par exemple, le "nouveau" Pays des merveilles est cette fois bien plus fantaisiste et plus agréable à l'oeil que la version tout numérique que l'on connaissait jusque là, même si la taille du plateau de tournage est franchement étriqué. Mais dans un cas comme dans l'autre, il y a une volonté évidente derrière cette saison 7 de présenter systématiquement un univers étouffant, voire plus noir que dans les six saisons précédentes. Si l'on excepte le bar de Roni, un petit peu "hors du temps" dans son architecture, la saison 7 aime la froideur du métal, de la roche et du verre dans la majorité de ses décors, particulièrement dans les dix premiers épisodes diffusés avant la pause hivernale. Il n'est pas rare que chaque épisode propose une ou plusieurs scènes de nuit afin de renforcer le sentiment d'insécurité autour des protagonistes. L'environnement urbain de Hyperion Heights, plus moderne que Storybrooke, accentue d'autant ce sentiment d'oppression permanent où n'importe quoi peut arriver à n'importe qui et à n'importe quel moment.

Pour autant, passé les premiers épisodes vraiment perturbants, Once Upon A Time parvient à se forger une toute nouvelle identité pour sa dernière saison car la série multiplie les décors différents entre chaque épisode, tout en le faisant avec parcimonie et intelligence. Il n'y a ici quasiment aucune stagnation, puisque chaque épisode propose presque toujours un nouveau décor inédit. Les réalisateurs sont sur un terrain de jeu tout neuf, ce qui permet d'enfin les émanciper de la routine qu'étaient devenues les saisons précédentes. Par contre, à partir de la seconde partie de la saison 7, le design général de la série se métamorphose épisode après épisode, en vue de la naturelle conclusion de toutes les intrigues lancées durant sept années, pour réussir à trouver un joli équilibre entre le passé et le présent de la série. Bref, petit à petit, la froideur initiale de Hyperion Heights va progressivement céder sa place à la chaleureuse Storybrooke, comme si elle lui rendait naturellement sa couronne qu'elle lui aura chipé un an auparavant. Mais dans tous les cas de figure, ce renouveau aussi désenchanté qu'il puisse être au départ, parvient à vivre de ses propres ailes et donner un cachet très particulier à cette saison 7 absolument unique en son genre.

De nouvelles têtes dont certaines ne manquent pas de style

Il ne fait aucun doute que si vous adoriez Blanche-Neige, David ou encore Emma Swan, la perte de repère est totale puisque les personnages forts d'hier ont été perdu dans un livre de conte dont l'histoire s'est achevée lors du double épisode final de la saison 6. Et pourtant ! Hormis l'atroce nouveau couple formé par la "nouvelle" Cendrillon (Dania Ramirez) et le "vieux" Henry Mills (Andrew J. West), qui fait passer le couple des Charmant pour de gentils guignolos, la saison 7 est sans nul doute celle qui compte le plus de personnages charismatiques, intéressants et utiles de tout Once Upon A Time. Comme cette nouvelle saison doit complètement se réinventer à partir de rien, Edward Kitsis et Adam Horowitz mettent cette fois le paquet en réalisant un background très riche pour chacun des nouveaux protagonistes. Beaucoup plus d'ailleurs que les anciens personnages comme Blanche-Neige, Charmant, Aurore ou Mulan dont l'essence et l'identité étaient connus de tout le monde, ce qui n'offrait aucune réelle possibilité de créer la surprise. Ici, la saison 7 doit inventer, disons plutôt réinventer, des personnages familiers qui puissent à la fois s'inscrire dans la grande famille Once Upon A Time tout en étant suffisamment uniques pour s'en démarquer. Sincèrement, même si je sais très bien que ma seule perception ne fait pas foi, cette saison 7 comporte vraiment certains des meilleurs personnages de la série. Passons les principaux protagonistes en revue.

Commençons d'ailleurs par le duo qui fâche : Henry Mills adulte et Jacinda Vidrio. Pour une raison que je n'ai jamais réussi à comprendre, Edward Kitsis et Adam Horowitz n'ont absolument jamais été capable de créer des couples crédibles dans Once Upon A Time. Au mieux ils sont soit tout bonnement risibles (Blanche-Neige et Charmant), soit puérils (Alice et Cyrus), au pire ils sont faussement préfabriqués par le désir des fans et l'alchimie naturelle entre les comédiens (Emma et Crochet). Mais dans tous les cas de figure, ils n'ont jamais réussi une seule fois à être romantiques à l'écran, sauf peut-être celui de Regina et Robin. Le couple Henry et Jacinda est sans nul doute possible le plus insipide de tous. A cause de quoi me direz-vous ? Et bien de l'irréalisme de leur idylle ! Quoi qu'ils fassent, Dania Ramirez et Andrew J. West ne semblent pas croire un instant à l'amour de leurs personnages. La plupart de leurs scènes de flirt sont ratées, tandis que la succession de leur jeu du "je t'aime, moi non plus" à chaque épisode détruit complètement le peu d'alchimie entre les deux comédiens. La plupart de leurs scènes communes semblent si forcées qu'on réalise mal comme Henry a réussi à emballer Cendrillon grâce à une antique cassette analogique contenant une compilation de morceaux des années 1980. Bref, aucune de leur scène ne semble une seule fois sincère. A moins qu'ils soient simplement tous les deux très mauvais acteurs, car ils n'excellent jamais à l'écran non plus dans leurs rôles en solitaire ou face à tous les autres comédiens...

Équivalent féminin de Henry Mills à Storybrooke, c'est à Alison Fernandez qu'il échoue d'être l'enfant qui croit à la magie (si l'on met de côté l'incohérence manifeste de ses souvenirs d'une autre vie). La petite Lucy a déjà été aperçue brièvement à la toute fin de la saison 6, mais elle démontrait pourtant déjà une bien meilleure capacité à jouer que Jared S. Gilmore en son temps. Une constatation confirmée par la saison 7 où elle parvient à se révéler moins éprouvante que l'insupportable Henry Mills junior. Si elle rate complètement la plupart de ses scènes censés être tristes, dont une séquence tire-larme passablement foireuse, Alison Fernandez est nettement plus dynamique et bien moins amorphe que Jared S. Gilmore. Son rôle, plus enjoué, moins renfermé, qui ose même s'imposer ou s'affirmer dans un monde d'adulte, rend Lucy plus naturelle et plus mature, sans pour autant renier son côté enfant entêté et espiègle. Dans tous les cas, entre ses parents et elle, Lucy est clairement le meilleur personnage et le meilleur acteur de cette improbable famille !

Sorte de bonne conscience et point d'ancrage pour Jacinda, Tiana (Mekia Cox) reste un personnage agréablement sympathique au cours de la première partie de la saison 7. Un peu en retrait au début, Sabine peu à peu du galon au cours des quatorze premiers épisodes de la série, entraînant dans ses choix étonnants de carrière la plus renfermée Jacinda. Tiana, alter-égo de Sabine dans le monde réel, est bien évidemment inspirée de la princesse éponyme de Disney avec qui elle ne partage cependant quasiment aucun point en commun, si ce n'est d'être une serveuse. Son histoire entremêlée avec Facilier (Daniel Francis), puis plus tard, avec Naveen (Jeff Pierre), reste même agréable à suivre. On regrettera juste que le couperet de ABC, mettant fin à la série début 2018, n'ai complètement bousculé les plans initiaux prévus autour du personnage. Car au delà des deux premières parties de la saison, Sabine est complètement mise de côté de l'intrigue principale, au point de rendre sa dernière scène vraiment forcée. C'est regrettable, le personnage avait un beau potentiel qui n'a pas été exploité dans son entier.

Plus intéressante, l'excellente Rose Reynolds propose une version d'Alice bien différente de celle proposée par Millie Brown dans la série dérivée Once Upon A Time in Wonderland. L'actrice parvient à brosser un personnage délicieusement excentrique à la hauteur du tout aussi excellent Sebastian Stan en tant que chapelier fou auparavant. Mieux, que ce soit à travers son ater-ego Tilly complètement perturbée ou son histoire franchement tragique, Rose Reynolds réussit en quelques épisodes à rendre son personnage immensément attachant. Gravitant surtout autour de l'agent Rogers et de l'inspecteur Weaver (dont une étonnante relation père-fille se dessine en sous-entendu), plus qu'auprès de la famille de Henry (même si leurs histoires se croisent forcément), Alice est d'abord présentée comme un personnage secondaire un peu bizarre. Mais c'est pour mieux surprendre les spectateurs car sa progression dans Once Upon A Time est fulgurante. Petit à petit, Alice prend une plus grande importance dans la deuxième partie de la saison où Rose Reynolds assoit définitivement son personnage comme l'un des plus réussis de la saison 7 !

Ivy Belfrey est incontestablement le personnage qui crée la plus grosse surprise de la saison 7. Jouant dans des registres très divers, Adelaide Kane développe un personnage complexe aussi fascinant à découvrir que terriblement redoutable à côtoyer. Même si les plus futés des spectateurs ne sont pas tout à fait dupes de ses intentions dès sa première apparition à l'écran, Ivy offre l'une de ces très rares révélations hautement surprenantes de Once Upon A Time. Si les dix premiers épisodes de la saison 7 parviennent à offrir un magnifique crescendo autour de son histoire, jusqu'à un intéressant, quoi que prévisible, retournement de situation juste avant la pause hivernale, la seconde partie de la saison précipite malheureusement son intrigue qui trouve une conclusion un peu trop hâtive dans l'épisode 15 alors qu'elle était pourtant l'un des personnages les plus prometteurs de la saison. Mais finalement qu'importe, Ivy a débuté comme un personnage hautement improbable mais qui réussit pourtant à s'imposer sur la durée, un peu comme l'avait fait la Reine Rouge dans Once Upon A Time in Wonderland.

Victoria Belfrey est également un personnage plein de surprise. Principale antagoniste de la première partie de la saison 7, elle est interprétée par Gabrielle Anwar. Son intrigue s'avère au premier abord fade et lisse, car elle n'échappe pas aux poncifs de Once Upon A Time qui propose ici un remake du pauvre de l'histoire revisitée de Regina et Daniel, mais avec sa fille Anastasie (jouée par Yael Yurman, dont le rôle, très secondaire, reste très anecdotique). Pour autant, selon les épisodes, Victoria Belfrey parvient finalement à surprendre à travers son étonnante histoire, entraînant dans son sillage de très bons twists aussi superbement amenés que ceux proposés lors de la toute première saison (rappelez-vous du petit chaperon rouge !). Malheureusement, son apparition n'est que de courte durée dans la série, Victoria Belfrey n'a pas réellement le temps ni d'évoluer, ni de réellement s'imposer, car la seconde partie de la saison 7 va surtout chercher à s'orienter vers de nouvelles intrigues transitoires, nécessitant de retirer le personnage avant que celui-ci ne parvienne vraiment à briller.

Aperçu dès le début de la saison, mais dont la présence à l'écran se renforce durant la seconde période de la saison 7, le Baron Samdi (Daniel Francis), alter-égo du célèbre Dr Facilier, se révèle être un personnage envoûtant. Il est même fascinant dans sa manière d'être ambivalent et énigmatique. Il parvient également à se rendre fourbe et hypocrite, au point de rappeler le Rumpelstiltskin des débuts de la série. Là encore, même s'il reste très fascinant, le Baron Samdi est bien trop vite retiré de l'intrigue en raison de l'annulation de la série par ABC. Pour autant, son départ de Once Upon A Time est tellement étonnant à la toute fin de la saison 7, qu'on se laisse surprendre par son destin. Le Dr Facilier apprenant à ses dépends qu'on ne peut jamais rivaliser avec un Rumpelstiltskin au mieux de sa forme !

Eloise Gardener (Emma Booth) est sans nul doute le personnage le plus troublant de la saison 7. Si l'on met de côté l'éternel cliché de l'écologiste en herbe qui doit forcément porter des dreadlocks, Eloise est au coeur des deux premières parties de la saison 7. Personnage hautement énigmatique dès sa première apparition à l'écran, Eloise est au coeur d'une importance intrigue policière et parvient, pourtant, à duper à peu près tout le monde, que ce soit parmi les personnages que les spectateurs, sur ses véritables intentions. A travers ce personnage, Edward Kitsis et Adam Horowitz lève le voile sur la toute dernière grosse énigme de Once Upon A Time. Dommage cependant que pour y arriver, l'histoire de ce personnage soit en complète contradiction avec les révélations du double épisode final de la saison 6 vis-à-vis de notre monde dépourvu de magie.

Terminons enfin rapidement avec les seconds couteaux de cette saison 7. Robin (Robin) est, à l'image d'Anastasie, un personnage intéressant mais mal utilisé dans la série, comme c'est aussi le cas de Naveen (Jeff Pierre). Même chose concernant Nick Branson (Nathan Parsons) dont l'intrigue, trop vite abordée, trop vite expédiée, semble avoir été réécrite précipitamment en raison de l'annulation de la série. Enfin, parmi les rôles sans consistance aucune, notons le sergent Samuel Ryce (Bruce Blain) qui semblait au premier abord un personnage au destin comique mais qui finit par être purement oublié avant d'être rappelé à l'écran dans un rôle complètement ubuesque.

Le retour d'anciens complètement métamorphosés

Si Regina avait clairement accompli sa rédemption à la fin de la saison 6, il en est tout autrement de Rumpelstiltskin dont l'intrigue n'est toujours pas refermée au début de la saison 7. Personnage extrêmement malmené par ses auteurs durant les six dernières années de la série, l'ultime saison de Once Upon A Time offre enfin à Robert Carlyle un rôle à la hauteur de son talent bien trop négligé jusque là ! Il revient ici dans le rôle à la fois énigmatique et déstabilisant de l'inspecteur Weaver, une fois encore totalement dépourvu de prénom. Si le début de la saison semble avoir de nouveau enfermé notre Rumpelstiltskin dans ses pires travers, il faut réellement attendre le 4e épisode de la saison pour dévoiler une partie du mystère entourant ses intentions. De cet épisode très intime va naître une quête spirituelle dans le coeur de Rumpelstiltskin qui va devoir affronter son démon intérieur. Dès lors, celui-ci fait tout son possible afin de conforter à jamais ce bonheur indéfectible qu'il a envers Belle.

Même s'il était auparavant déjà un rôle principal, Killian Jones a toujours été dans l'ombre des héros de Storybrooke. Ses actions, tout comme ses faits et gestes, impliquait systématiquement son amour pour Emma (que certains, comme moi, aurons toujours trouvé factice). L'aura tout entier de son personnage, qu'il ai été un méchant ou un "nouveau" gentil, a continuellement été gâché par un travail d'écriture incertain de la part de Edward Kitsis et Adam Horowitz. Bref, Killian Jones a toujours été un second couteau de luxe, dont le rôle aurait tout à fait pu être supprimé si Colin O'Donoghue n'était pas devenu populaire auprès des fans. A contrario, le lieutenant Rogers permet au comédien de livrer une interprétation plus humaine de son personnage, dans un registre qu'il n'avait jamais abordé durant les cinq saisons précédentes. Tour à tour sympathique, pathétique, héroïque et attentionné, la saison 7 élève immanquablement Colin O'Donoghue comme un très bon acteur jusqu'ici mal exploité dans Once Upon A Time. On applaudira aussi sa relation compliquée avec Rumpelstiltskin dont l'histoire trouve enfin une conclusion fortement symbolique par rapport à leur relation conflictuelle qui existait depuis leur première rencontre.

Avec regret, il faut admettre que Lana Parrilla n'a plus vraiment grand chose à offrir pour sa géniale Regina, dont son retour dans le tout premier épisode se révèle des plus passables. Mais elle parvient quand même à insuffler un nouveau visage à son personnage quand elle réapparaît sous les traits de la barmaid Roni. Décontractée, libérée, délivrée (oups pardon), voire même carrément dévergondée, Roni est un personnage qui croque la vie à pleines dents, loin de ce qu'elle avait pu être auparavant. Bien que son intrigue semble finalement flotter loin au dessus de celles de tous les autres protagonistes, Roni est résolument un personnage attachant, d'autant plus que sa nouvelle coiffure lui va à ravir. Malgré tout, Roni reste indéniablement le personnage le plus déconnecté de cette saison 7 dont l'implication dans les évènements, twist mis à part, semble peu plausibles si ce n'est bien sûr de justifier la présence de la principale vedette à l'écran. Dans le monde féérique, Regina est également complètement dépassée par ce qui se passe autour d'elle, elle ne sait même plus vraiment où est sa place vu que son jeune fils a désormais bien grandi. Pour autant, c'est vraiment sa personnalité sous les traits de Roni qui va définitivement lier son passé, son présent et son avenir, la conduisant vers un dénouement touchant et sincère, faisant dès lors de Regina le plus grand et le mieux écrit des rôles de tout Once Upon A Time.

Parlons à présent du dernier personnage revenant de façon semi-régulière dans cette ultime saison, Zelena. Alors que je n'aurais jamais cru cela possible de la part de Edward Kitsis et Adam Horowitz, la saison 7 réhabilite pour la toute première fois le personnage à l'écran ! Passé maître dans le personnage inutile, bouche trou et sournoisement devenue comique malgré elle, Zelena n'avait clairement eu son heure de gloire que lors de sa toute première apparition durant la saison 3B. Après cela, aussi sympathique qu'était Rebecca Mader, elle ne servait absolument à rien dans le récit si ce n'est à faire de la figuration de luxe. Elle revient ici enfin humanisé, avec une personnalité tiraillé entre son passé et son présent, tout en subissant un conflit perpétuel avec son unique fille Robin. Si Robin ne sert à rien de particulier dans cette saison 7, en temps que personnage autonome j'entends, elle offre quand même une nouvelle dimension parentale à Zelena, qui revient ici sous le nom de Kelly. Si Kelly retrouve le côté déluré de Zelena, notamment aperçu dans la saison 6 (Rappelez-vous quand Zelena apprend à conduire !), Rebecca Mader redéfinit entièrement son personnage en la rendant pour la toute première fois touchante. Zelena s'offre même le luxe d'obtenir une très belle conclusion à son histoire dans le 150e épisode de la série, par ailleurs brillamment réalisé par Lana Parilla.

Qu'en est-il des autres personnages historiques ? Commençons par le cas d'Emma Swan. Lorsque Jennifer Morrison a annoncé son départ de la série au-delà de la saison 6, elle a tout de même rassuré ses fans en confirmant qu'elle apparaîtrait bien dans un unique épisode. En raison de l'annulation de la série, elle fera finalement deux apparitions dans l'ultime saison de Once Upon A Time, mais c'est uniquement le 2e épisode de la saison 7 qui lui est intégralement consacré. Réalisé à la façon d'un passage de relais, Emma revient à l'écran pour épauler son fils en bien mauvaise posture. A cette occasion, l'intégralité de l'épisode va tenter de justifier, de manière tout à fait crédible, l'absence de sa mère dans le reste de la saison. Sa place de sauveuse n'y étant de toute façon pas utile, ni souhaitée. Cet épisode est également l'occasion de comprendre pourquoi Crochet a atterri à Hyperion Heights sans elle.

Même si Emily de Ravin est absente de quasiment tous les épisodes de la saison 7, l'ombre de Belle plane cependant sur l'intégralité de la saison 7. A commencer par le plus enchanteur des épisodes proposées par la série, le 4e qui lui est totalement dédié. Dans ce magnifique épisode est dévoilé comment a progressé sa relation amoureuse avec Rumpelstiltskin au-delà du final de la saison 6. La qualité de cet épisode est telle que son intrigue se révèle réellement touchante et ébranle irrémédiablement les fans du couple. Aperçue ou juste entendue dans quelques autres épisodes de la saison 7, Belle fait bien entendu une ultime apparition dans le dernier épisode de la série, offrant à Belle un des plus beaux épilogues proposés par Once Upon A Time à ce jour.

Henry Mills junior revient également dans la saison 7 en tant que personnage de transition, c'est lui qui ouvre la saison, mais également lui qui la referme. Toutefois son rôle est très différent entre les deux extrémités de la saison. Au tout début, il s'agit du Henry Mills que nous connaissions jusque là et qui réapparaît ensuite adulte sous les traits de Andrew J. West. A la fin de la saison par contre, c'est sa version altérée provenant du Royaume des Voeux qui vient jouer les troubles-fêtes. Si son histoire reste capillotractée, mais justifiée pour expliquer le retour l'écran de Jared S. Gilmore, elle permet quand même d'offrir une conclusion épique à l'histoire de notre cher Rumpelstiltskin. Il est juste dommage de constater une fois de plus que dans le rôle d'un adolescent, tout comme celui d'un chevalier, Jared S. Gilmore reste définitivement un très mauvais acteur incapable de proposer la moindre émotion convainquante à son personnage.

Dès le moment où ABC a annoncé mettre un terme à la série, Ginnifer Goodwin et Josh Dallas se sont immédiatement portés volontaires pour apparaître une dernière fois dans Once Upon A Time. Sauf que, à la différence des épisodes consacrés à Emma et Belle prévus dès le départ, l'apparition de Blanche-Neige et David relève vraiment ici du pur fan service. A aucun moment leur présence ne se justifie réellement, à l'exception de la toute dernière scène de réjouissance finale. Dans l'intervalle, le couple semble complètement détachés de leurs rôles, sans jamais réussir à retrouver l'âme de leurs personnages qui les ont pourtant révélés au grand public. Visiblement, ils ont tous les deux bel et bien tournés la page de la série, mais ils font heureusement acte de présence pour honorer Once Upon A Time une dernière fois, puisque tout avait commencé autour d'eux il y a sept ans. Du coup, je veux bien leur pardonner leur manque flagrant de conviction à l'écran.

Enfin, la saison 7 fait apparaître à de multiples reprises plusieurs anciens seconds rôles, plus ou moins figuratifs, dans certains épisodes. Du coup, même si la majorité des anciens héros et méchants d'autrefois est absente, on ne se sent pas totalement dépaysé par la nouvelle intrigue de cette dernière saison. Pêle-mêle, on croise ainsi de temps à autre Giles Matthey (Gideon), Christopher Gauthier (Mouche), Sara Tomko (Lily la Tigresse), Charles Mesure (Barbe Noire), Beverley Elliott (Granny), Victoria Smurfit (Cruella), Robbie Kay (Peter Pan),Joanna García Swisher (Ariel), Timothy Webber - (L'Apprenti), Keegan Connor Tracy (Fée Bleue), Lee Arenberg (Grincheux), Faustino Di Bauda (Dormeur), David Avalon (Prof), Raphael Sbarge (Jiminy Cricket), Sean Maguire (Robin des bois), Tony Amendola (Geppetto), Jack Davies (Pinocchio), Gabe Khouth (Atchoum) et même Pongo. Sans oublier évidemment ceux et celles qui sont aperçus lors de certains flash-back commémoratifs des six saisons précédentes.

Une histoire maladroite qui trouve peu à peu ses marques

Aussi étonnant que cela puisse paraître, la saison 7 se décompose en trois périodes définies, parfaitement identifiables, comme ce fut le cas des six précédentes saisons ! Ainsi, cette ultime saison peut tout à fait se découper en trois : de l'épisode 1 à l'épisode 14, qui sert d'introduction au nouvel univers, des épisodes 15 à 20 qui constitue une sorte de période transitoire, et enfin, les trois derniers épisodes qui forment un ultime épilogue.

La saison 7 constitue un complet renouveau pour Once Upon A Time, même si elle ne renie pas totalement son illustre vieil héritage. Cependant, en raison de la désaffection de tous les principaux protagonistes, Edward Kitsis et Adam Horowitz doivent choisir une intrigue totalement renouvelée et adoptent un style de narration relativement différent de ce qu'ils avaient conçu six ans plus tôt. Mais ce n'est pas le seul changement opéré. En premier lieu, principalement parce que les deux auteurs sont incapables de mettre de l'ordre dans le foutoir des innombrables ramifications narratives (souvent incohérentes entre elles) des six années précédentes, ils jettent carrément à la poubelle toutes les histoires des contes de fées connus jusque là. Ils se justifient même à l'écran via une réplique de Henry junior qui nous apprend l'existence de dizaines de variations d'un même conte. Si l'excuse est a priori pardonnable, on se rend surtout compte que Edward Kitsis et Adam Horowitz n'ont surtout jamais eu le talent nécessaire pour rattacher l'intrigue de la saison 7 au lourd héritage maladif de Once Upon A Time. En même temps, on les comprend aussi, s'ils avaient essayés de rajouter du poids sur le fragile château de carte des six premières saisons, celui-ci se serait effondré.

Cette première partie de la saison 7 prend pourtant le risque de perdre ses spectateurs à bras-le-corps. Pour éviter la désaffection irrémédiable des plus fervents admirateurs de Once Upon A Time, Edward Kitsis et Adam Horowitz offrent des passages de flambeaux réussit de l'ancienne vers la nouvelle équipe d'acteurs. Par exemple, dès le 2e épisode, Crochet et Emma viennent au secours d'un Henry devenu adulte. Bien meilleur encore, le 4e épisode restera à jamais comme le plus bel épisode centré sur Belle et Rumpelstiltskin, ouvertement inspiré du film d'animation Là-haut qui plus est. Les créations originales du studio Pixar s'invitent même très régulièrement durant cette première partie de saison, où de nombreux petits détails, intrigues annexes, personnages, mais aussi costumes, vont se rappeler aux bons souvenirs des fans du studio à la lampe de bureau.

Cependant, dans les faits, la saison 7 recycle finalement exactement les mêmes histoires qu'avant, mais dans un contexte différent : nouveau pays des merveilles ici, nouvelle Cendrillon par là, une autre Raiponce cachée dans une tour, un autre personnage entre la vie et la mort, encore un sortilège qui brise toute magie... Bref, au lieu d'effacer la mémoire des personnages (quoi que si, les personnages aussi perdent la mémoire), Edward Kitsis et Adam Horowitz inventent cette fois l'effacement des contes afin de justifier leur nouvelle direction artistique. Malgré tout, cela fonctionne plutôt bien (si tant est qu'on se prête aussi à l'effacement sélectif de notre propre mémoire) car la saison 7 adopte une tonalité plus adulte, plus contemporaine, plus pernicieuse, voire plus mature. Cette fois, une chose est sûre, on ne rigole pas avec les personnages de ces contes de fées réinventés !

A ce propos, la saison 7 est également la seule à proposer de véritables enquêtes policières de terrain, avec recherche d'indices, interrogatoire de témoins et investigations plus ou moins légales. Once Upon A Time se livre vraiment pour la toute première fois au jeu du chat et de la souris, particulièrement durant ses dix premiers épisodes avant la pause hivernale, en multipliant, sans trop d'excès, d'innombrables fausses pistes et retournement de situations parfaitement amenés à l'écran. Weaver et son acolyte Rogers forment d'ailleurs un sympathique duo d'enquêteurs, quelque chose qui n'existait malheureusement pas dans Once Upon A Time, même durant la saison 1. Emma était effectivement promue Shérif à l'époque, mais n'avait jamais vraiment mené la moindre enquête. C'étaient plutôt les affaires qui venaient à elle plutôt que l'inverse.

Ce début de saison 7 prend également le temps de poser correctement le nouvel univers et introduire chacun des nouveaux personnages. Là où les saisons 4 à 6 apportaient tout un lot de personnages embrigadés de force par la mythologie de Once Upon A Time, sans que cela ne soit parfaitement justifié, ici chaque nouveau héros et chaque nouveau méchant fait l'objet d'un soin particulier, de petites scènes propres qui cachent un véritable grand ensemble. Bref, en dehors de Jacinda et Henry, définitivement les deux plus mauvais personnages de cette saison 7, toute cette première partie va s'efforcer de rendre les héros sympathiques et les méchants excusables, toutes proportions gardées bien sûr. Bref, un camp comme dans l'autre, les actions de tous les protagonistes se justifient pleinement dans les 14 premiers épisodes. Au fur et à mesure, on finit obligatoirement par tous les adopter. Sauf bien sûr si l'on se borne à réfuter la saison 7 débarrassé de "nos" anciens comédiens fétiches. Chacun ses goûts, mais, je les ai appréciés.

Mais dont l'élan est brisé par l'irrévocable nécessité de conclure

Malgré les audiences irrémédiablement en pleine dégringolade et l'interruption de diffusion hivernale lors du 10e épisode de la saison, Edward Kitsis et Adam Horowitz croient encore un certain temps au potentiel de Once Upon A Time à rebondir. On ressent d'ailleurs parfaitement cette synergie et leur motivation durant les 4 épisodes de la reprise, certes diffusés en mars 2018, mais tournés en décembre 2017 juste avant que l'équipe de production prennent un peu de repos pour les fêtes de fin d'année. Pour autant, tout change en janvier 2018, il ne fait d'ailleurs aucun doute que ABC n'est pas du tout satisfaite de la performance de la série au niveau des audiences et qu'elle en informe aussitôt les deux auteurs, peut-être ont-ils même été informés dès le mois de décembre. Une chose est désormais acquise, la série n'aura pas droit à une saison 8, même si ABC ne l'annonce officiellement au public qu'en février 2018. Si la trame générale de la saison 7 n'est sans doute pas complètement bouleversée par cette décision, il y a quand même un branle-bas de combat qui s'enclenche auprès des scénaristes qui doivent désormais prendre en compte que la série va devoir se conclure.

Dès l'épisode 15, et durant les quatre épisodes suivant, Once Upon A Time enclenche la vitesse supérieure, quitte à faire les choses trop vite tout en essayant de faire ça à peu près bien. Chaque intrigue annexe de la saison 7 voit dès lors son intrigue précipitée au point d'entraîner la fin parfois trop abrupte de l'histoire de la plupart des personnages. Edward Kitsis et Adam Horowitz jouent clairement contre la montre car non seulement la fin de la saison 7 doit conclure sa propre intrigue, mais cette saison doit aussi apporter un point final à sept années d'aventures féériques. Les scénaristes voient désormais les choses en grand, se concentrent sur l'essentiel, retirent tout ce qui peut sembler facultatif et aménagent des intrigues rondement menées, même si l'on regrettera toujours ces intrigues prématurées voire, en exagérant à peine, en partie sabotées.

Quand bien même, aussi hâtives soient ces intrigues, les cinq épisodes transitoires de la saison 7 laissent quand même un sentiment d'achèvement. Ainsi, l'épisode 15 va mettre un terme à l'intrigue originelle de la saison 7, à savoir le destin d'Anastasie même si celui-ci n'aura finalement servi que de prétexte sans avoir pu être véritablement exploité. L'épisode 16 est lui conçu comme amorce et évènement déclencheur de tout le final de la série. Il réussit ainsi à imbriquer des éléments importants qui prennent de l'importance dans les épisodes suivants, notamment la relation entre Alice et Margot, la petite graine de doute dans l'esprit d'Henry, mais également le rapprochement entre Alice et Rogers. L'épisode 17, en plus d'être le 150e de la série, parvient avec brio à relier l'intrigue du tueur aux chocolats à celle de Zelena, leurs histoires respectives y trouvant une conclusion des plus surprenantes.

A partir de l'épisode 18, Once Upon A Time ne laisse plus le spectateur souffler puisque chaque élément de l'intrigue sert vraiment à quelque chose. L'épisode se concentre particulièrement sur Rumpelstiltskin, qui commet ici une nouvelle faute dont il fera ensuite tout pour la réparer dans les épisodes successifs. Il est aussi révélé la mission des gardiens, ces nouvelles entités évoqués à plusieurs reprises durant cette saison 7. L'épisode 18 met également fin pour la toute première fois à la rivalité qui a toujours opposé Crochet et Rumpelstiltskin. Robert Carlyle y livre d'ailleurs une interprétation remarquable d'un Ténébreux extrêmement tourmenté par ses exactions passées. Cet épisode amorce aussi la confrontation à venir entre Rumpelstiltskin et le Dr Facilier qui trouvera sa conclusion deux épisodes plus tard. L'épisode 19 enfin sert de conclusion définitive autour de l'intrigue de Eloise Gardener, même si celle-ci empiète en grande partie sur l'épisode 20 qui sert à la fois de conclusion aux intrigues de la saison 7 et d'introduction à la fin définitive de la série.

Afin d'apporter le point final à sept années d'aventures féériques

A partir de l'épisode 20, Once Upon A Time dévoile ce que j'appelle sa trilogie finale. A cette occasion, du beau monde est rappelé à l'écran, tout du moins tous les comédiens qui n'avaient pas de problème d'agenda et pouvaient au moins faire ne serait-ce qu'un petit caméo pour le final de la série. Construite telle un véritable fourre-tout mais avec un semblant d'âme, cette trilogie conclusive à sept années de Once Upon A Time réussit là où le diptyque final de la saison 6 avait complètement échoué : être épique. Pour y parvenir, les trois ultimes épisodes de la série vont parvenir à réunir en deux heures de programme quasiment tout le meilleur de ce que Once Upon A Time avait proposé jusque là. Même le Royaume des Voeux finit par trouver enfin une utilité, alors qu'il s'avérait pénible et inutile en saison 6.

La trilogie finale enchaîne des histoires trépidantes en réunissant pour la première fois à l'écran l'avant et l'après Storybrooke. L'intrigue générale mêle avec habileté les évènements présents (Hyperion Heights) et passés (Storybrooke), tout comme il rappelle les personnages de toutes les époques. On n'est ainsi jamais surpris de croiser dans un même épisode toutes les versions de Regina (Méchante Reine et Roni), tout comme celles Rumpelstiltskin (Gold, Weaver) ou de Crochet (Rogers). On prend aussi plaisir à redécouvrir la petite ville de Storybrooke redevenue une bourgade paisible depuis que la Fée noire a été vaincue. Mais ce que cette trilogie fait sans doute le mieux, c'est apporter une conclusion à presque toutes les lignes narratives abordées en sept ans, sous un déluge d'émotions relativement bien dosés. Mieux, pour la première fois, Once Upon A Time livre enfin de vrais batailles entre plusieurs protagonistes en lieu et place des facilités déconcertantes rencontrées durant les années précédentes, particulièrement l'absente totale de vrai bataille finale dans la saison 6 dont les épisodes concernés n'en portent que le titre. Ici, tous les protagonistes sont persuadés que la fin du récit est proche, ils se donnent corps et âmes pour accomplir leur souhait d'une fin heureuse.

Once Upon A Time met également les petits plats dans les grands en signant une réalisation soignée, des dialogues qui sonnent justes, quelques éléments de pure drôlerie, une mise en scène dynamique et, faut-il l'admettre, des effets spéciaux moins horribles que d'habitude. Et, enfin, pour remercier convenablement ses fans, la série de Edward Kitsis et Adam Horowitz va jusqu'à consacrer ses 15 dernières minutes à offrir un hommage et un véritable épilogue à toutes ses années passées en leur compagnie. En soit, cette saison 7 aura donc magnifiquement fait oublier la maladive saison 6, en rehaussant sa qualité à tous les niveaux même en l'absence de ses comédiens historiques, au point de me faire dire qu'il s'agit de ma saison favorite.

Au revoir Storybrooke

Sept longues années, c'est une éternité sur la petite lucarne, particulièrement pour une série aussi imparfaite, disons même souvent médiocre, que Once Upon A Time. Durant tout ce temps, il faut reconnaître qu'il s'en ai passé de drôles de chose à Storybrooke puis, tout à la fin, dans le quartier Hyperion Heights. Malgré son incapacité manifeste à construire un univers cohérent, la série a quand même réussit à apporter des personnages si charismatiques qu'on en arrive souvent à lui pardonner ses erreurs les plus flagrantes. Même si ses intrigues semblent avant tout résulter d'un bricolage malheureux, il est indéniable que Edward Kitsis et Adam Horowitz aiment leurs personnages et leur univers si particulier. Si la série a toujours fait d'immenses promesses sans jamais réussir à en tenir aucune, Storybrooke et ses personnages sont tellement attachants qu'on a finit inexorablement par tous les adopter, bon gré, mal gré.

Dans les grandes lignes, faute avouée, à moitié pardonnée, qu'on l'ai aimé ou détesté, Once Upon A Time aura marqué durablement l'histoire des séries télévisées américaines car, malgré ses innombrables défauts, la série est unique en son genre grâce à son audace et ses intrigues qui puisent ouvertement leurs inspirations, et avec la bénédiction de l'empire de Mickey, de l'univers foisonnant des grands classiques de l'animation Disney. Cependant, en toute objectivité, on retiendra surtout que Once Upon A Time a véritablement eu son heure de gloire au moment de sa saison 3A et, comme un dernier souffle avant de s'éteindre, à travers cette ultime brillante saison 7 qui aura réussi le pari fou de réunir en une année le meilleur des sept années précédentes. Au revoir Storybrooke, tu as bien mérité ta fin heureuse !

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Olivier J.H. Kosinski - 14 septembre 2018

4.5