A l'origine, il était prévu que 4 moyens métrages inspirés de la série soient réalisés spécialement pour la télévision. J'ai été le tout premier à révéler cette information après l'avoir lu dans le bilan financier public de Xilam à l'époque. En fin de compte, l'idée de départ s'est transformé en Oggy et les cafards, le film qui sort en salle le 7 août 2013 en France. Actuellement, le long métrage n'est jamais sorti en salle au Québec et n'a jamais été commercialisé non plus.
Depuis la nuit des temps, deux forces s'affrontent en un combat perpétuel, total et sans pitié. Un combat dont nous ne soupçonnions pas l'existence malgré sa férocité. Ce choc de titans, cette lutte ancestrale, cette bataille qui perdure à travers les âges, ce n'est pas celle du bien contre le mal... C'est celle d'Oggy contre les cafards !
Le 23 février 2012 j'étais le premier, et l'unique site, à vous annoncer que Xilam planifiait, en complément de la toute nouvelle saison 4 de Oggy et les cafards, la création de 4 moyens métrages de 26 minutes en collaboration avec France 3. Cependant, à peine 6 mois plus tard, par le biais de son bilan financier annuel, Xilam révélait finalement avoir métamorphosé son projet initial pour en faire un véritable long métrage spécialement dédié au cinéma, cette fois en collaboration avec France Télévisions et Canal+. La nouvelle avait forcément de quoi me réjouir, étant particulièrement friand des deux premières saisons de la série. Pour autant, j'ai quand même estimé qu'il valait mieux rester très prudent. En cause, une certaine saison 3. Au vu du succès phénoménal de la série française sans dialogues à travers le monde, Xilam s'était lancé en 2007 dans un revival prenant la forme d'une toute nouvelle saison inédite. C'était forcément une excellente idée.
Malheureusement, le studio Xilam avait démontré à ce moment là qu'il était incapable de transformer l'essai. Entre la fin de la production de la saison 2 et la mise en chantier de la saison 3, il y a eu un trou d'environ 7 années sans Oggy. Durant cette longue période, Xilam a mûri, a produit de nombreuses nouvelles séries de qualité et, surtout, a développé une toute nouvelle forme d'humour qui ne correspondait plus vraiment à l'esprit déluré de ses origines. Dès ses premiers épisodes, la saison 3 de Oggy et les cafards avait du plomb dans l'aile en enchaînant des épisodes vraiment très poussifs. Il aura fallu presque les deux tiers de la saison pour que Oggy et les cafards parvienne un tant soit peu à redresser légèrement la barre. Mais c'était sans jamais égaler une seule fois la glorieuse époque de ses exubérants débuts. La raison était simple, la saison 3 sortait les personnages de leur zone de confort. C'est à dire qu'elle les envoyait loin de leur éternelle zone résidentielle afin d'arpenter de tous nouveaux lieux.
Problème, dès que Oggy, Jack, Joey, Marky et Dee-Dee s'éloignent de l'endroit qui a fait leur gloire, le résultat à l'écran est rarement drôle, voire très passable. Or, c'est malheureusement cette approche que le réalisateur Olivier Jean-Marie a choisi pour aborder Oggy et les cafards, le film : réviser l'histoire. Pour ce long métrage qui contient quatre histoires, disons plutôt trois et demi (le dernier segment n'ayant visiblement jamais été mené jusqu'à son terme), Oggy traverse ainsi quatre époques. Dans la première, il revisite l'histoire... des Pierrafeu. Dans un mode préhistorique bourré d'anachronismes contemporains, le premier récit met en scène les deux chats dans une quête pour raviver, littéralement, la flamme de leur peuple. S'ensuit une aventure très formatée, dans laquelle Oggy traverse une vaste plaine, grimpe sur un volcan, découvre un monde oublié, tombe amoureux et se bat contre des autochtones canins. L'aventure se regarde, fait sourire une à deux reprises, mais ne fait jamais une seule fois rire aux éclats. Un comble pour une série qui se veut dans la lignée de Tex Avery !
Dans la seconde aventure, Oggy se retrouve propulsé à l'époque du Moyen-Âge pour nous proposer une histoire... inspirée de Shrek. S'ensuit une aventure très classique, dans laquelle Oggy traverse une vaste forêt, grimpe sur une tour, découvre une forteresse oubliée, tombe amoureux et se bat contre un autochtone canin. Euh, je n'ai pas déjà écrit ça avant ? Non, vous ne rêvez pas, c'est pratiquement le même récit que dans la première partie de Oggy et les cafards, le film. La crédibilité et l'originalité du long métrage en prend un peu plus pour son grade. Dans la troisième aventure, Oggy débarque en 1900 dans la cité de Londres où il est devenu le fidèle Watson, l'éternel comparse de Sherlock "Jack" Holmes. S'ensuit une aventure très formatée, dans laquelle Oggy traverse les rues londoniennes, grimpe sur les étages de Big Ben, découvre une machinerie oubliée, tombe amoureux et se bat contre des flics canins. Euh, oui, bon, une fois ça va, deux fois ça va moins bien, trois fois, rien ne va plus !
Certes, c'est un peu le principe même de la série Oggy et les cafards, répliquer à l'infini un comique de répétition d'un épisode à l'autre. Seulement, chaque épisode de la série ne dure que 6 minutes, hors génériques. On a rarement l'occasion de les enchaîner les uns à la suite des autres quand ils sont diffusés. Et durant l'intervalle, on a le temps de voir débouler à l'écran des dizaines de gags souvent hilarants le temps d'un seul épisode. Pour vous donner un exemple, je vous recommande de découvrir l'hilarant épisode 28 de la seconde saison L'empire de l'autruche hongroise qui fonctionne telle une boucle répétitive. La mise en scène est cocasse, la musique délirante, l'épisode totalement savoureux. On ne trouve rien de cela dans les trois premières aventures vécues dans Oggy et les cafards, le film. Les gags sont trop longs à se mettre en place et il y a un intervalle interminable entre deux d'entre eux qui est comblé par du vide. A chaque gag, le soufflet comique retombe systématiquement, il ne parvient pas à se maintenir, ni à aller crescendo. Une fois arrivé au terme de ces trois parties, on est naturellement en droit de s'inquiéter pour le final.
Pour la dernière partie du récit, Oggy est propulsé dans une galaxie lointaine, très lointaine, afin d'y détruire un casque noir de la mort qui projette des rayons destructeurs. Si cela vous rappelle un certain Star Wars, vous n'auriez pas tout à fait tort. A choisir, c'est peut-être la seule partie de Oggy et les cafards, le film qui réussit à retrouver l'esprit de la série. Contrairement aux trois autres aventures, qui durent environ 22 minutes chacune, cette dernière partie du film a été condensé au strict nécessaire, on en fait le tour en seulement 5 minutes ! Un choix qui est (rayez la mention inutile) : soit sciemment décidé pour éviter que le film dépasse la sacro-sainte durée symbolique d'une heure trente ; soit contraint par la non finalisation de ce dernier épisode dans les délais de production ; soit parce que la technique 3D utilisée sur les personnages s'est avérée plus coûteuse que l'animation classique en 2D sur le reste du film. Le fin mot de l'histoire m'échappe, mais il faut accorder que cette dernière partie du film est la plus intéressante du lot, car elle va à l'essentiel en se concentrant sur le burlesque et l'absurdité de la situation.
Je n'irais pas jusqu'à dire que Oggy et les cafards, le film est le plus mauvais des films Xilam, parce que ce n'est pas tout à fait vrai. Le long métrage n'est par exemple pas du tout pénible à regarder, au contraire l'animation et les décors sont particulièrement soignés. J'accorde même une mention spéciale à la partie entièrement 3D, que je redoutais et qui ne désacralise finalement pas les mythiques personnages. Mais Oggy et les cafards, le film est réellement le moins bon des quatre films que le studio a réalisé à ce jour. Certes, il faut le reconnaître, porter Oggy sur le grand écran n'était pas une mince affaire. Le pari était d'autant plus insensé qu'il semblait difficile d'imaginer en 2013 qu'il était possible de construire un unique long récit d'une heure trente dépourvu de la moindre ligne de dialogues. Mais en 2015 Shaun le mouton, le film a prouvé que tout était possible. Celui-ci parvint sans la moindre encombre à broder un récit intelligent et un humour décoiffant tout en respectant sa série originelle.
Au contraire, Oggy et les cafards, le film part avec un gros handicap, il respecte assez peu l'humour débridé de la série, il piétine quand il souhaite se révéler drôle, sa bande originale est tellement plate qu'elle n'apporte rien de drôle au film et, pire que tout, celui-ci décline à trois reprises une même histoire simplement transposée dans trois époques. A y réfléchir, peut-être que Oggy et les cafards, le film aurait dû rester ce qu'il devait être à l'origine, quatre histoire indépendantes proposées exclusivement à la télévision, le sentiment de gros gâchis aurait sans nul doute été beaucoup moins intense.
Olivier J.H. Kosinski - 21 avril 2017
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Doublage (France - 2013)
Voix et bruitages :
- Manuel Drouglazet
- Anne-Sophie Coste
- Base de données vocales
Sources :
Carton Générique