ParaNorman, titre conservé à l'identique par rapport à la version originale qui joue avec la proximité du mot "Paranormal", sort au Québec le 17 août 2012 tandis que le film est rebaptisé L'étrange pouvoir de Norman pour sa sortie en France le 22 août 2012. Le long métrage dispose de deux doublages francophones.
Norman, un garçon solitaire de province capable de converser avec les morts, va devoir affronter zombies, fantômes, sorcières, et la pire espèce de tous, les adultes, pour sauver sa ville d'une terrible malédiction vieille de plusieurs siècles...
Comme dit l'adage, jamais deux sans trois, puisque le troisième long métrage d'animation en volume de Laïka puise à nouveau ses thématiques dans le domaine du fantastique et du merveilleux. Cette fois, pourtant, le studio d'animation américain s'aventure en terrain balisé puisque L'étrange pouvoir de Norman ne va offrir que très peu d'innovations narratives. De leurs trois premiers films, il reste le plus prévisible et le moins surprenant du lot. Car ce qu'il propose a été traité à de très nombreuses reprises, aussi bien au cinéma, dans le cadre de séries télévisées fantastiques, dans des romans, de nombreuses bandes dessinées mais également dans des séries animées pour enfants. De fait, si tant est que l'on soit familier du genre, on anticipe absolument tous les retournements de situations (gags compris), tout comme on devine même le dénouement du film dès les premières minutes passées. L'étrange pouvoir de Norman s'avère donc, malheureusement, sans grande surprise. Pour autant, le long métrage parvient à se rendre sympathique, déjà par la qualité d'interprétation burlesque des personnages, mais surtout par son approche graphique somme toute agréable. L'étrange pouvoir de Norman adopte également un ton assez léger de la mort tout comme son final se laisse submerger par les émotions, bien qu'un peu forcées, ce qui permet d'en oublier en partie la narration un peu faiblarde.
Pour se démarquer de la masse des innombrables histoires du même genre, L'étrange pouvoir de Norman adopte un ton résolument humoristique. Par certains côtés, l'esprit bon enfant adopté par le film rappelle la belle époque des Scooby-Doo, les premiers du genre et non ceux repris par Warner qui a quelque peu aseptisé le concept. Le film est rigolo, un peu caricatural, souvent tiré par les cheveux, mais toujours très malicieux. D'ailleurs, aucun des personnages du film ne semble normal dans cette étonnante aventure, à part Norman lui-même en fin de compte. Tout le monde semble avoir un grain de folie, y compris la majorité des revenants et autres fantômes excentriques. C'est à se demander comment Norman arrive à garder un semblant de normalité, alors que tous ceux qui l'entourent passent leur temps à le rejeter. L'étrange pouvoir de Norman joue aussi avec les codes des teen movies, mais reste malheureusement trop souvent à la surface des choses sans réellement chercher à développer au delà du seul cliché : on a donc la soeur superficielle, le rebelle bien lourdeaux, le bellâtre sans cervelle et le petit potelé qui doivent s'allier à l'excentrique de la bande. On serait dans la série Dawson Creek, on en rigolerait, même Buffy contre les vampires avait su faire bien mieux à ce niveau. En gros, L'étrange pouvoir de Norman propose la version dégénérée de celle de Scooby-Doo. Regrettable.
Heureusement, comme déjà indiqué plus haut, L'étrange pouvoir de Norman contrebalance ce défaut par une esthétique de qualité. Le long métrage comporte bien plus de décors différents que dans Les noces funèbres et Coraline. Chacun d'entre eux ayant leurs propres caractéristiques visuelles : collège, mairie, maison poussiéreuse, parc urbain, cimetière hanté, forêt glauque, entre autres, rien n'est laissé au hasard jusque dans l'amoncellement de tout un tas d'objets. C'est parfaitement inutile dans le cadre du récit, surtout quand on pense au temps que cela a dû demander pour les créer, mais cela rend l'ensemble des lieux visités très authentiques. Plus encore que leurs films précédents, Laïka emploie à nouveau la technologie informatique pour enrichir l'expérience visuelle du long métrage. Mais le studio va cette fois plus loin, en combinant les deux technologies dans des situations parfois complexes, voire même improbables dans le cadre de l'animation en volume. La plupart des fantômes sont animés traditionnellement à la force des mains, puis ils sont ensuite "transformés" en spectre par la magie du numérique. L'effet le plus réussi étant la rencontre saugrenue de Norman avec le spectre de son oncle excentrique dans les toilettes de l'école. Une grande réussite, tout comme la course poursuite à travers la ville infestée de zombies et la confrontation finale de Norman avec la sorcière.
Beaucoup moins impactant que Les noces funèbres et Coraline, L'étrange pouvoir de Norman est un long métrage nettement plus convenu. Il lui manque un petit quelque chose au niveau de son récit, qui ne parvient pas vraiment à décider s'il doit être ou non une parodie, qui aurait pu transcender l'ensemble. On doit donc surtout se contenter d'un film efficace, sans grosses fausses notes, avec un ton humoristique assumé, et qui bénéficie d'une mise en scène réussie, surtout en stop motion. Mais on ne cherchera pas à y trouver plus de profondeur dans son propos général, car L'étrange pouvoir de Norman se contente de ré-exploiter des idées déjà bien trop souvent abordées ailleurs.
Olivier J.H. Kosinski - 20 avril 2023
La lecture des vidéos directement depuis le site nécessite l'installation des cookies "eXperience" et "Catalogue" ainsi que des cookies tiers "Youtube" et "Vimeo". Conformément à la décision de la CNIL datant du 27 juillet 2016, votre consentement est donc nécessaire pour activer cette fonctionnalité.
Doublage (Québec - 2012)
Norman : Émilien Néron
Alvin : Jean-Carl Boucher
Mitch : Éric Salvail
Neil : Alexis Plante
Courtney : Catherine Brunet
Mme Hencher : Chantal Baril
Perry Babcock : Stéphane Rivard
Sandra Babcock : Mitsou Gélinas
M Prenderghast : Denis Mercier
Doublage (France - 2012)
Norman Babcock : Georges de Vitis
Neil Downe : Olivier Priestley
Courtney Babcock : Sarah Brannens
Mitch Downe : Samuel Cahu
Alvin : Nathanel Alimi
Sandra Babcock : Marie Donnio
Perry Babcock : Jean-Luc Atlan
Juge Hopkins : Pierre Londiche
Aggie : Camille Timmerman
M Prenderghast : Jacques Frantz
Grand-Mère Babcok : Frédérique Cantrel
Shérif Hooper : Isabelle Leprince
Mme Henscher : Élisabeth Margoni
Salma : Eloïse Brannens
Sources :
Doublage au Québec
Carton Générique