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Sony Pictures Animation
L'étoile de Noël

L'étoile de Noël sort en primeur en France le 15 novembre 2017 en salle, puis deux jours plus tard, le 17 novembre 2017 au Québec. Le long métrage bénéficie d'un doublage propre à chaque territoire. Depuis la sortie vidéo en France, le 28 mars 2018, le long métrage est curieusement débarrassé de toute allusion à la fête chrétienne puisque son titre est finalement raccourci en L'étoile tout court. Ceci probablement pour faire oublier la malheureuse, tout comme fausse, polémique intervenue autour de lui quelques mois plus tôt.

L'intrigue

L'apparition mystérieuse d'une étoile dans le ciel de Nazareth annonce un renouveau pour l'âne Bo. Il persuade son meilleur ami, la colombe Dave, que son destin est de conduire une prestigieuse caravane à travers la Palestine. Parvenant finalement à s'échapper, Bo trouve refuge chez le charpentier Joseph où sa patte cassée est soignée par l'épouse enceinte de ce dernier, la douce Marie. Alors que le couple doit se rendre à Bethléem pour un recensement, Bo refuse de les suivre. La visite d'un menaçant sbire envoyé par le roi Hérode pour éliminer le bébé à naître oblige Bo à partir à la rescousse des voyageurs...

Analyse de l'oeuvre

Les longs métrages d'animation grand public basés sur les textes religieux ne sont finalement pas monnaie courante. Immédiatement, pour la majorité d'entre nous, celui qui nous vient à l'esprit est évidemment Le Prince d'Egypte, premier long métrage d'animation 2D de Dreamworks Animation, mais le deuxième en terme d'ordre de production. Une fiction à forte valeur émotionnelle aujourd'hui quelque peu occultée par le studio qui ne cherche même pas à la commercialiser en Blu-ray, comme si l'héritage était trop lourd à porter. Un peu moins connus, on peut aussi évoquer Joseph, le roi des rêves du même studio ainsi que le très bon Muhammad - Le dernier Prophète de RichCrest Animation. Bien entendu, il en existe beaucoup d'autres, mais cantonnés à des circuits beaucoup moins grand public, relégués à des marchés de niche. Encore plus rare sont toutefois les longs métrages d'animation grand public relatifs à la nativité et à tout ce qui se passe avant la naissance de Jésus de Nazareth. Sony Pictures Animation se lance donc dans l'idée bizarre de combler ce manque en proposant L'étoile de Noël qui a eu énormément de mal à se "vendre" auprès des projectionnistes frileux du marché des cinémas français, puisqu'il ne fut projeté que dans une poignée de cinéma dans toute la France, durant une semaine seulement dans la majorité des cas.

En d'autres termes, L'étoile de Noël est quasiment passé inaperçu pour une grande partie du public francophone car personne n'a vraiment voulu se risquer à le diffuser. Il aurait même été complètement oublié s'il n'avait pas brillé dans un fait divers particulièrement cocasse relaté dans la presse ! Le 13 décembre 2017, soit disant dans un cinéma dans le département français de Gironde, 83 élèves auraient été priés de quitter la salle après que leurs enseignants eurent demandé de stopper la projection. Ils auraient estimé le contenu du film impropre à une sortie scolaire, le fondement de l'éducation devant être laïque. Quelques jours plus tard, alors que l'affaire commence à avoir une portée nationale, un démenti est tout de suite rédigé attestant qu'aucune sortie scolaire n'avait eu lieu à la date indiquée. La fausse rumeur ayant été répandue via les réseaux sociaux, probablement une campagne de dénigration volontairement dirigée contre le long métrage par des personnes qui n'ont certainement même pas eu la présence d'esprit de le visionner avant de le dénigrer. Car, en réalité, L'étoile de Noël est à l'opposé même de tout ce qu'on pourrait lui reprocher !

S'il respecte effectivement en toile de fond le récit biblique, de l'apparition de l'archange Gabriel à la naissance effective de Jésus, L'étoile de Noël s'avère en réalité une farce, une véritable bouffonerie où rien de ce qui est normalement attendu de la part d'une telle histoire ne se produit finalement jamais. Bref, non seulement cette campagne de diffamation n'est pas du tout recevable tant le film écorne magistralement tout le récit biblique (au point que les artistes signent un mémorable message d'excuse lors d'un générique de fin !), mais que ce ne sont même pas ceux qui l'ont critiqué sans le voir qui sont les plus légitimes à pourvoir le dénigrer. Bref, ce n'est certainement pas une classe d'élèves d'une école publique qui risque d'être choquée par une telle expérience. Au contraire, L'étoile de Noël risque plutôt de faire grincer les dents les spectateurs religieusement conservateurs tant le récit de la nativité y est ici fortement bousculé, détricoté et vidé de quasiment toute sa substance biblique. L'étoile de Noël est ainsi un vaste défouloir de burlesque, mêlant des animaux stupides mais terriblement désopilants, dans un contexte à complète dominante comique !

Dans les très grandes lignes, L'étoile de Noël combine l'histoire de la nativité avec le conte de Noël écrit par Charles Tazewell en 1947, dont une version animée fut adaptée en 1978 par Don Bluth et Richard Rich, Le petit âne de Bethléem, ainsi qu'avec le récit des trois rois mages. Du premier conte est tiré la toile de fond de l'intrigue. Pour dresser le portrait du personnage principal, la seule chose que l'âne Bo réalise tout au long de ses longues journées est de moudre le blé afin de le transformer en farine. Rêvant d'une vie plus heureuse, dans un but assez puéril qui plus est, il finit par s'enfuir et, blessé, à atterrir dans la maison de Joseph et Marie. Cette dernière finit par s'enticher de lui, elle décide de l'adopter contre la volonté de Joseph. Pendant ce temps, emprunté au second récit, les rois mages se mettent en route après un présage annonçant la naissance d'un sauveur. En chemin, il croise le roi Hérode qui va fomenter un complot pour éliminer Marie et l'enfant qu'elle porte. L'histoire s'efforce ensuite de combiner l'ensemble pour permettre à tous les animaux, ainsi qu'à Bo, de devenir les véritables sauveurs de la nativité.

Je dois admettre que je m'attendais à tout autre chose avec L'étoile de Noël. Entre la thématique peu engageante et la promotion peu flatteuse, je m'attendais à quelque chose de radicalement différent. J'ignore si c'est de consternation ou de ravissement, mais je reconnais m'être particulièrement esclaffé tout au long de la projection de ce film ! L'histoire est pourtant totalement prévisible, elle est même bourrée de défauts et déborde de clichés en tout genre, mais il y a un je-ne-sais-rien de sympathique dans L'étoile de Noël qui rend l'expérience plus agréable qu'elle ne devrait l'être. L'un des éléments les plus bienvenus est sans nul doute le traitement réservé à Marie et Joseph. Contrairement au reste des humains du film, leur animation est vraiment très soignée. Certes, ils bénéficient d'une personnalité contemporaine, rendant coccases les anachronismes volontairement placés dans le film. Marie est ainsi une jeune femme obstinée mais généreuse, Joseph est taciturne mais plein de bonne volonté. En les déboulonnants du piédestal religieux dans lesquels ils sont enfermés par les doctrines religieuses depuis des décennies, Sony Pictures Animation les rend foncièrement humains. Du coup, leur duo fonctionne même s'ils perdent au passage leur caractère "sacré".

Concernant les animaux, le studio d'animation délaisse la forme réaliste au profit de personnages cartoonesques. Ce parti-pris artistique est au premier abord assez rebutant, surtout lorsque l'on s'attend à suivre une histoire biblique respectueuse des textes. Mais elle se révèle au final agréable à suivre devant l'enchaînement pittoresque de l'ensemble des péripéties que compte le long métrage. Bo, tout prévisible qu'il soit, croise ainsi la route d'animaux fortement excentriques pour lesquels on se lie d'affection pour eux sans crier gare, même quand il s'agit d'un mouton névrotique et solitaire. Les personnages sont pourtant relativement creux, mais comme le contexte burlesque sied à chaque situation et chaque personnalité, la formule fonctionne. De leur côté, un trio de camélidés stupides, complètement déconnectés de l'histoire, jouent en complète roue libre dans une succession de péripéties aussi absurdes que délicieusement idiotes. Cela permet de donner un point de vue ironique, biaisé et totalement détaché de l'Histoire, celle avec un grand H j'entends.

Parmi ses défauts, L'étoile de Noël en compte un tout particulièrement : sa bande originale. Si le parti-pris burlesque assumé du récit se retrouve dans tous les aspects du long métrage, l'intrusion de multiples chansons pop est à la fois convenue et malvenue. Convenue d'abord, parce qu'il s'agit de thèmes musicaux autour de la fête de Noël déjà mille fois entendus. Le long métrage fait donc du neuf avec du vieux, en recyclant à outrance des musiques déjà maintes fois remixées à toutes les sauces. Malvenue ensuite, parce qu'elles ne s'accordent tout bonnement pas avec l'aspect comédie du film, ni avec ce que le récit souhaite apporter. Certes, toutes ces chansons sont des remixages à peine modernisés de thèmes de Noël déjà fortement connus. Mais elles sont insérées sans aucun effort narratif. Il en résulte une cacophonie sonore rendant peu crédible leur intrusion dans les scènes d'action concernées. C'est sans doute ça qui gâche en partie l'expérience psychotique que L'étoile de Noël voulait proposer.

En fin de compte, L'étoile de Noël est le digne héritier de la lignée aliénée des films produits par Sony Pictures Animation. Le long métrage n'est rien de plus qu'un immense défouloir, pensé et voulu pour faire rire son auditoire. Du coup, le long métrage choquera probablement toute personne attachée aux textes bibliques, sauf si ces derniers gardent en tête qu'il s'agit avant tout d'une grande farce animée. L'étoile de Noël n'a en effet absolument aucun autre but que de divertir par l'absurde, quitte à faire tout et n'importe quoi à la fois !

Olivier J.H. Kosinski - 06 avril 2018

Bande annonce

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La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage (Québec - 2017)

Bo : Martin Watier

Marie : Annie Girard

Joseph : Maël Davan-Soulas

Zach : François L'Écuyer

Ruth : Aline Pinsonneault

Léah : Manon Leblanc

Edith : Marika Lhoumeau

Rufus : Manuel Tadros

David : Jean-François Beaupré

Vieil âne : Jean-Marie Moncelet

Roi Hérode : Hubert Fielden

Thaddeus : Pierre Auger

Doublage (France - 2017)

Bo : Antoine Schoumsky 

Joseph : Maxime Baudouin 

Dave : Christophe Lemoine 

Mary : Aurélie Konaté 

Leah : Diane Dassigny 

Abby : Youna Noiret 

Ruth : Camille Donda 

Thaddeus : Raphaël Cohen 

Chamberlain : Jean Rieffel 

Deborah : Sophie Riffont 

Sources :
Doublage au Québec
Carton Générique

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