Accueil Rechercher Contact Menu Ξ
x
Chercher dans Analyses Catalogue Dossiers Actualités Petites Renconstres

Street Light Animation

Le cygne et la Princesse

La naissance d'un conte de fées

Onzième volet, et actuellement annoncé comme l'avant-dernier opus de la saga dont il propose la première partie de l'intrigue de conclusion, Le cygne et la Princesse - La naissance d'un conte de fées sort directement à la location ou sous forme d'achat numérique sur les plateformes de vidéos à la demande dès le 23 mai 2023 au niveau international, France et Québec inclus. Le film ne bénéficie que d'un unique doublage français, réalisé par Dubbing Brother Belgique comme les autres opus.

L'intrigue

La Reine Uberta est fatiguée de devoir constamment assumer ses devoirs royaux. Elle aspire désormais à une nouvelle vie artistique, dissimulée sous les traits de la cantatrice populaire Madame LaCroix. Pour cela, elle souhaite abdiquer et passer le flambeau à son fils, Arthur, et son épouse, Juliette. Mais la transmission des pouvoirs n'est pas si simple, Uberta se rémémore alors ses jeunes années, tout en espérant transmettre ses bonnes valeurs morales à ses héritiers...

Analyse de l'oeuvre

Quand je songe à Richard Rich, je me dis que l'homme fait vraiment preuve de persistance depuis bientôt 30 ans car, même en ayant creusé un gros trou au point de se retrouver piégé dedans, il a continué de creuser toujours plus loin, toujours plus profond. Vers les abysses et en-deçà ! Remarquez qu'au bout du compte, il aura réussi à faire traverser le globe à son héroïne la plus populaire, Juliette, puisqu'elle a fini par mettre les pieds jusqu'en Chine. On était alors en 2020, j'étais persuadé qu'on avait atteint le summum du mauvais goût. Grossière erreur ! Quand il s'agit de saccager et piétiner l'héritage d'un film sympathique malencontreusement transformé en saga éprouvante, Richard Rich réussit à faire encore pire. A quelques mois du 30e anniversaire de Le cygne et la Princesse, il lui vint une idée lumineuse : revenir aux sources. N'ayant visiblement jamais réussi à briller par lui-même, il a toujours affiché sa brève filiation à l'empire Disney. La majorité du matériel promotionnel de tous ses films met ainsi systématiquement en avant Rox et Rouky, réalisé en 1981, il y a plus de 40 ans donc. Alors, cette fois-ci, Richard Rich joue l'originalité, pour la campagne publicitaire de son 11e opus, il fait un hasardeux amalgame avec un autre film Disney. Pour lui et son équipe, il allait emprunter une voie que personne d'autre que Disney n'avait emprunté jusque-là, raconter l'histoire d'un conte de fées avant que celle-ci ne commence, comme Le secret de la petite sirène en 2008. N'hésitons pas à en rire. Mais le constat est là, Le cygne et la Princesse - La naissance d'un conte de fées a été imaginé pour devenir le tremplin pour concilier deux époques. Servir de suite directe au 10e opus d'abord et remonter le temps pour raccrocher les wagons avec le tout premier de 1994 ensuite. Non content d'annoncer fièrement qu'il s'agit là de l'intrigue définitive de la saga (Richard Rich va enfin prendre sa retraite ? Alléluia !), il a toutefois décidé de scinder cette ultime histoire en deux opus (Scrogneugneu !). Faut croire que Richard Rich est persuadé que sa saga fétiche est si populaire qu'elle mérite d'être étirée à l'écran comme Harry Potter, Twilight ou Hunger Games.

Sauf que, bien évidemment, rien ne va dans Le cygne et la Princesse - La naissance d'un conte de fées. Rien qu'en apprenant que le film allait revenir aux origines, je n'ai pas hésité à me refaire une petite séance de rappel du tout premier opus. A ce sujet, mon avis global sur le film n'a pas foncièrement changé. En caricaturant un peu, ça reste très niais, pas forcément très bien animé, mais globalement sympathique dans l'ensemble. Rien à voir avec les horreurs qui ont suivi, surtout depuis le tournant fatidique de la 3D en 2012 (je ne m'en suis toujours pas remis). Avec ce 11e film, Richard Rich parvient pourtant à tout détruire en multipliant les incohérences narratives. Ne faites surtout pas l'erreur d'enchainer les deux films l'un à la suite de l'autre. Si vous avez la moindre sympathie pour le premier film, ne songez même pas à voir celui-ci, vous en ressortiriez aussi ébranlé que je l'ai été. En quelques scènes, Le cygne et la Princesse - La naissance d'un conte de fées parvient à réécrire le passé de la saga de façon totalement invraisemblable. Le peu de dignité des personnages qui leur restait encore vole complètement en éclat, ce qui entraîne ensuite une relecture malaisante du film de 1994. On passera sur la rencontre de Juliette et Arthur enfants, qui est réécrite. On passera sur l'intégration de personnages venus du passé, alors qu'ils n'ont jamais été vus jusque-là, et ne vont peut-être même pas servir dans le 12e opus à venir. On passera beaucoup moins sur tout le reste.

Alors qu'il est est censé être la première partie d'une conclusion définitive d'une saga vidéo,  Le cygne et la Princesse - La naissance d'un conte de fées est en réalité lui-même coupé en deux, avec deux parties de durées différentes. La première, de 50 minutes environ tente, cahin-caha, d'expliquer les origines d'Uberta et sa relation avec le père de Juliette. Richard Rich n'y va d'ailleurs pas avec le dos de la cuillère pour faire tout et n'importe quoi avec elle. Il offre ainsi des origines paysannes au personnage qui, en deux minutes, se retrouve couronnée de la façon la plus ridicule jamais imaginée. En gros ça se résume à "Toc toc, c'est vous Uberta ? Votre cousin du 3e degré du côté de votre grand tante par alliance du cousin éloigné vous a nommé Reine. Merci et à bientôt". C'est d'une bêtise à ne pas savoir où se cacher tellement on a honte. A ses côtés, on découvre les traits de son mari Maximilian qui, drapé comme un haut dignitaire romain, semble en réalité être un clodo mal dégrossi qu'on aurait tiré du caniveau et affublé d'un costume ridicule histoire de renforcer encore plus son manque de crédibilité. Pendant plus de 40 éprouvantes minutes, on voit passer Uberta de bouffonne des champs en bouffonne des villes, la carte de la parfaite manipulatrice en prime. Dans l'intervalle, elle affronte une duchesse risible et ses trois caniches, elle doit vivre la disparition de son époux dans une scène qui est sans conteste un summum de crétinisme et, plus gênant encore, entretient une relation bien trop amicale avec Melchior (héritage des derniers opus qui les a rapproché), alors que son époux est toujours bien vivant (ce qui laisse pantois). Elle est à deux doigts de se dévergonder ! Mais le pire est à venir, Le cygne et la Princesse - La naissance d'un conte de fées essaie, avec tout le mal du monde, de proposer - pour la première fois en 30 ans -, une scène censée être à forte teneur émotive, à savoir la disparition en couche de la mère de Juliette. Malgré toutes les bonnes intentions de Richard Rich, celle-ci vire au véritable tragi-comique. On en est rendu à ça désormais ! La première partie du récit s'achève alors sur ce grand moment involontairement gênant.

La seconde partie du récit, d'environ 30 minutes, revient alors dans le présent. Richard Rich décide de faire le lien avec tous les films précédents (jusqu'à afficher des extraits des anciens films, ce qui fait mal aux yeux quand on revoit les scènes 2D de l'époque par rapport aux horribles scènes 3D récentes). On se remémore alors à quel point la saga compte désormais énormément de personnages, beaucoup trop même. Le cygne et la Princesse - La naissance d'un conte de fées s'oblige donc à avoir un moment consacré à chacun d'entre eux. Je vous laisse deviner à quel point cela devient absolument indigeste. Les personnages défilent à une vitesse vertigineuse qu'on n'a même pas le temps de réaliser ce qu'il leur arrive. Le long métrage enchaîne les deus ex machina toutes les deux minutes. Lucas n'est pas noble et ne peut assister au couronnement ? Qu'à cela ne tienne, un claquement de doigts d'Uberta et le voilà anobli. On ne sait pas quoi faire de Bridget ? Hop, elle fait un caméo musical juste histoire de dire qu'elle est là. Ça fait au moins dix ans que Barnabé à disparu des radars, ah ben non, il est là finalement. Oh, mais il y a aussi Aldo, Rapido et Anatole ! Sauf que s'ils n'étaient pas là, ça ne changerait pas grand-chose. Ah, mais au fait, faudrait peut-être consacrer du temps pour le couronnement de Juliette et Arthur, non ? Dans ce cas, mélangeons bien toutes les intrigues en même temps ! Richard Rich ne tente pas de rassasier ses spectateurs, ils les gavent carrément jusqu'à leur donner la nausée !  Le cygne et la Princesse - La naissance d'un conte de fées part dans toutes les directions en même temps, ce qui finit par rendre l'intrigue absolument indigeste. Et dans l'intervalle, jusqu'à la toute dernière minute du long métrage, on se pose une fatidique question : pourquoi la saga ne s'achève-t-elle pas définitivement là-dessus ? Où est l'intérêt d'un ultime éprouvant et non désiré 12e opus ? Absolument aucun moment du film ne donne la moindre impression de mystère, ni qu'un second film est nécessaire. Et ce n'est clairement pas une seule - et unique - ligne de dialogue à la toute fin qui va changer la donne. Le cygne et la Princesse - La naissance d'un conte de fées s'achève sur un moment totalement artificiel qui ne donne clairement pas envie d'en savoir plus.

Bien que Le cygne et la Princesse - La naissance d'un conte de fées soit un festival nauséabond de crétinisme ambiant, je dois lui reconnaître quelques qualités. Des broutilles, vraiment, mais qui sortent du lot. En même temps, comment faire autrement ? La moindre chose sensée nage forcément au-dessus de tout ce marasme. Il y a par exemple quelques gags plutôt bien sentis, comme ce moment où le futur cuisinier royal se monte tout un film quand les deux reines viennent dans son restaurant. Le pauvre bougre imagine qu'elles n'apprécient pas sa cuisine, car il n'entend pas la teneur de leur discussion, alors que ces dernières parlent de tout autre chose. Le long métrage revient sur un running gag inexpliqué, courant depuis le passage à la 3D de la saga, autour de la coiffure "rebondissante" d'Uberta qui trouve enfin une explication, aussi invraisemblable soit-elle. Dans le contexte, l'éducation des chiens par Melchior selon la méthode western fait mouche, même si c'est totalement tiré par les cheveux, disons même totalement idiot. Le moment où la Reine de Wixom tente de faire effacer un autographe écrit sur son bras à l'encre indélébile reste aussi très cocasse. Enfin, Le cygne et la Princesse - La naissance d'un conte de fées réveille brièvement le spectateur lors de la chanson "See Another Side", une très jolie balade où Juliette et sa mère forment un duo vocal très appréciable. Le texte de la chanson est très bon, tout comme la mélodie. Seule la mise en scène, désastreuse comme tout le reste du film, gâche l'ensemble mais on peut toujours fermer les yeux à ce moment-là. C'est à peu près tout ce qu'il y a à retenir du film.

Si le retour aux sources de Le cygne et la Princesse - La naissance d'un conte de fées pouvait laisser planer le doute - l'espoir ? - sur un soudain réveil de Street Light Animation qui mettrait pour une fois les moyens à la hauteur de ses ambitions, preuve en est au contraire que tout le monde se fiche royalement de la cohérence. Richard Rich nous bazarde une nouvelle intrigue encore plus infâme que les précédents opus qui avaient, au moins, le mérite de s'éloigner du matériau de base. En voulant raccrocher les wagons, ce 11e opus s'échine à détruire les dernières bases saines qui restaient encore à Le cygne et la Princesse. C'est proprement inqualifiable et impardonnable. Entre l'intrigue ridicule, les graphismes proprement calamiteux (mention spéciale à la décoloration oxygénée et inexplicable des cheveux d'Arthur), des chansonnettes sans la moindre saveur (qui mélangent comme ces dix dernières années dialogues français et chants en anglais dans une joyeuse cacophonie), les personnages transformés en imbéciles et leur surenchère, il n'y a plus aucune branche à laquelle se raccrocher. Quant au mystère de la disparition du père d'Arthur en mer, ça n'a même la consistance de remplir dix minutes d'intrigue, alors baser un 12e opus tout entier là-dessus, laissez-moi en rire ! D'ailleurs, j'imagine déjà le retournement de situation ubuesque qui nous pend au nez : en réalité, il va revenir amnésique, métamorphosé et se faire appeler Albéric. Prions que ça n'arrive pas et, surtout, que ce 12e opus sera bel et bien le dernier. Parce que là, franchement, je n'en peux vraiment plus.

Olivier J.H. Kosinski - 02 juin 2023

Bande annonce

Social eXperience

La lecture des vidéos directement depuis le site nécessite l'installation des cookies "eXperience" et "Catalogue" ainsi que des cookies tiers "Youtube" et "Vimeo". Conformément à la décision de la CNIL datant du 27 juillet 2016, votre consentement est donc nécessaire pour activer cette fonctionnalité.

J'accepte l'installation
de ces cookies

La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage (Belgique - 2023)

Juliette : Micheline Tziamalis

Arthur : Pierre Lognay

Brodie : Laurent Vernin

Aldo : Alessandro Bevilacqua

Uberta : Myriam Thyrion

Rôles non attribués :

- Alain Postiaux

- Jean-Marc Delhausse

- Gauthier de Fauconval

- J. Simon

- J. Ghaye

- P. Gruselle

- S. Landresse

- T. Beck

Sources :
Carton Générique

1