James et la pêche géante est un long métrage mélangeant prises de vues réelles, animation en volume et animation par ordinateur. Il sort en salle le 12 avril 1996 au Québec, où il bénéficie d'un doublage spécifique, et plus d'un an et demi après en France, le 18 juin 1997.
Orphelin, James est recueilli par ses tantes, Eponge et Piquette, deux abominables mégères qui le réduisent en esclavage. Un soir, un mystérieux personnage lui offre un sac dont le contenu est censé résoudre tous ses problèmes. Mais en rentrant chez lui, James trébuche et répand au pied d'un pêcher son précieux paquet. Quelques instants plus tard, une pêche pousse sur l'arbre et grossit jusqu'à atteindre 7 mètres de diamètre ! Tenaillé par la faim, l'enfant creuse un tunnel dans le fruit géant pour aboutir dans un bien étrange univers...
James et la pêche géante est un long métrage d'animation en volume auquel je n'ai pratiquement jamais accordé la moindre chance. Déjà enfant, l'affiche du film ne me donnait pas envie et il a fallu attendre une diffusion télévisée pour que je daigne lui accorder un peu d'intérêt. Peine perdue, j'ai décroché au bout de vingt minutes, avant même que le film ne bascule en stop motion, lassé par une histoire mollassonne, disons même un rien absurde, des personnages sans le moindre charisme et, surtout, des chansons qui ne sont absolument pas agréables à écouter. Les années passant, à la suite de l'excellente expérience de L'étrange Noël de Monsieur Jack, je lui accordai une seconde chance. Cette fois, je suis allé jusqu'au bout du long métrage et en sortait tout aussi ennuyé que la première fois. Dans l'objectif de réaliser cette analyse, je l'ai revisionné une troisième, et probablement dernière, fois sans avoir une seule fois réussi à m'immerger dans cette quête improbable du jeune James dans son immense pêche géante. La troisième fois étant cependant toujours la bonne, j'ai quand même réalisé ce qui clochait vraiment dans ce film : l'absence totale de chaleur humaine.
James et la pêche géante reprend pourtant exactement la même technique d'animation que son succulent prédécesseur L'étrange Noël de Monsieur Jack. Il va même encore plus loin en combinant de nombreuses techniques différentes, mêlant trucages propres aux longs métrages avec acteur en passant par l'animation par ordinateur, mais également de vrais décors et des acteurs en chair et en os. Mais quoi que le long métrage tente de faire, la mayonnaise ne prend pas. Quelle que soit la scène proposée à l'écran, l'ensemble manque cruellement d'émotions. Il est impossible de ressentir la moindre compassion pour James, encore moins pour ses comparses insectes, car leurs expressions faciales sont étrangement amorphes. Les rares fois où les personnages sont dans une situation a priori forte en émotion, les animateurs ratent complètement leur objectif et cassent systématiquement l'ambiance de la scène. Par exemple, il n'est pas une seule fois où l'on ne se dit pas qu'on voit une goutte d'eau couler sur une marionnette plutôt que de voir un personnage abattu en train de pleurer. Dès lors, là où les défauts d'animation de L'étrange Noël de Monsieur Jack donnait du cachet à l'oeuvre, on ne voit ici plus que ces défauts, particulièrement cet affreux effet saccadé sur les personnages.
Là où pêche également le long métrage, c'est incontestablement du côté de ses chansons. Une fois encore, la comparaison avec son illustre aîné se fait en défaveur de James et la pêche géante. Pas une seule chanson, pas un seul air, pas une seule mélodie ne reste en tête. Aucune chanson n'est mémorable, elle ne sont pas harmonieuses ni ne possèdent ce petit quelque chose qui en feraient des succès instantanés. Plus gênant encore, une fois James et la pêche géante terminé, on a déjà oublié quels étaient ces moments musicaux, au point de se poser la question de leur intérêt dans le film. Elles n'apportent rien et n'enrichissent pas l'univers. C'est même tout l'inverse en vérité, les chansons tirent au contraire l'intrigue vers le bas, rendant l'ensemble quelque peu ringard. Le mot est lâché, il n'est d'ailleurs pas anodin car c'est une constatation que l'on fait aussi sur les parties tournées avec de vrais acteurs. Au contraire d'un film comme Hocus Pocus - Les trois sorcières par exemple, qui jouait sur le côté exagéré pour rendre le tout comique, James et la pêche géante pousse le curseur trop loin dans la caricature, ce qui rend l'ensemble au mieux totalement ridicule.
Bien que je sache que le long métrage est adapté du roman James et la Grosse Pêche, je suis incapable de dire si l'intrigue et respectueuse ou non du texte écrit par Roald Dahl en 1961. De toute façon, vu mon antipathie pour le long métrage, je n'ai même pas eu le courage de m'y intéresser pour en faire un comparatif. J'ose quand même à penser qu'il s'avère meilleur et que c'est donc certainement de son adaptation au cinéma que tous ces problèmes découlent. Car, franchement, si le roman est aussi ennuyeux et amorphe que l'intrigue de ce long métrage, c'est soit que je n'ai absolument rien compris à ce que cette histoire veut apporter, soit que celle-ci est vraiment très mal racontée. Il reste toutefois évident que James et la pêche géante n'a pas su trouver son public à l'époque, conduisant à la fermeture définitive de Skellington Productions. Peut-être faut-il y voir une cause à effet ? Je crois simplement que c'est surtout l'absence totale d'empathie et d'émotion qui ont rendu ce long métrage caduque.
Olivier J.H. Kosinski - 28 décembre 2018
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Doublage (Québec - 1996)
James : Nicolas Pensa
Tante Piquette : Françoise Faucher
Tante Éponge : Arlette Sanders
Vieil homme : Benoît Marleau
Grillon des champs : Pierre Chagnon
Coccinelle : Geneviève Mauffette
Mille-pattes : Manuel Tadros
M. Sauterelle : Pierre Claveau
Araignée : Élise Bertrand
Ver luisant : Natalie Hamel-Roy
Ver de terre : André Montmorency
Doublage (France - 1997)
James : Donald Reignoux
Tante Piquette : Evelyne Selena
Tante Éponge : Paule Emanuele
Narrateur : Pierre Hatet
M. Sauterelle : Bernard Alane
Mille-pattes : Michel Mella
Mme Coccinelle : Evelyne Grandjean
Mlle Araignée : Frédérique Tirmont (Dialogues)
Mlle Araignée : Marie Ruggeri (Chant)
Ver de terre : Gérard Surugue
Luciole : Lucie Dolène
Le mage : Pierre Hatet
Mère de James : Caroline Beaune
Père de James : Guy Chapelier
Agent de police : Marc Alfos
Reporter : Lionel Henry