Les gladiateurs de Rome est un film d'animation italien produit par Rainbow Studios, distribué par Medusa Film, filiale du groupe Mediaset en Italie, et par Universal dans le reste du monde. Le long métrage a d'abord été commercialisé au Québec le 17 février 2015 puis en Belgique le 20 mai 2015 sous le titre Gladiateurs de Rome, avant d'arriver en France le 4 août 2015 exclusivement en DVD dans tous les cas. Le film n'est doublé qu'en version française des deux côtés de l'Atlantique. Tout comme La légende du Cid avant lui, distribué sans son doublage espagnol original, ce long métrage est actuellement distribué en DVD sans la version originale italienne, au profit des versions anglaises, allemandes et néerlandaises !
Dans la Rome impériale, le petit Timo devient orphelin à la suite de l'éruption du Vésuve. Il est recueilli et adopté par le général Chirone qui compte l'élever et en faire un gladiateur émérite. La vie de gladiateur n'est pas du tout faite pour Timo, d'autant plus que celui-ci perd tout goût à la vie quand Lucilla, la fille de Chirone, est envoyée en Grèce pour y faire ses études. Des années plus tard, le général Chirone désespère de ne pas avoir eu un fils aussi brillant que son meilleur élève Cassio. Lorsque Lucilla retourne chez elle, la vie de Timo va soudain prendre un nouveau chemin...
Prenez un antihéros benêt qui a survécu à la catastrophe de Pompeï, ajoutez-y un père adoptif amateur de combats de gladiateurs, une bimbo experte en combat rapproché, un quatuor de bébés brutes, un antagoniste charmeur et manipulateur, une grand-mère excentrique, une potion magique vraisemblablement volée à Panoramix, une course de char, un minotaure, un lynx opportuniste, un cheval cabotin, un ours mal léché et un mignon lapinou, accompagnez l'ensemble d'une bande originale énergique et contemporaine, enfin, secouez énergiquement le tout en donnant à ce cocktail étonnant le nom d'un club de football italien : Les gladiateurs de Rome ! De cet amalgame improbable naît une savoureuse aventure survitaminée réalisée par Iginio Straffi. Entre les clichés et les poncifs du genre, le long métrage italien fait naître une fantaisie drôle et enjouée qui, à défaut d'atteindre le niveau de qualité du cinéma américain, parvient à happer l'attention des spectateurs. On rit beaucoup, on rit souvent, constamment aux dépens du pauvre Timo qui vit un véritable parcours d'obstacle afin de reconquérir le coeur de sa dulcinée. Cultivant l'autodérision d'un bout à l'autre, Les gladiateurs de Rome est un excellent défouloir narratif !!
Les gladiateurs de Rome est le premier long métrage original conçu par le studio d'animation italien Rainbow CGI, en cinémascope qui plus est, alors qu'il était jusque là spécialisé dans la réalisation de longs métrages 3D adaptés à partir de la série télévisée italienne Winx Club (Le secret du Royaume Perdu en 2007 et Aventure Magique ! en 2010). Si l'approche du film est originale, le long métrage souffre d'un gros défaut de forme : il s'inspire plus ou moins de la période potache de Dreamworks, c'est à dire la moins glorieuse et la moins convaincante de toutes. Les gladiateurs de Rome traîne dans son sillage une mise en scène parfois lourdingue, quelques flatulences malvenues et une bande originale désordonnée empruntant des tubes anglo-saxons assez mal amenés dans le contexte du film. Visuellement, le long métrage de Rainbow CGI n'est pas non plus magnifique, tant s'en faut, mais reste sur la totalité du métrage convainquant et cohérent avec lui-même. La gestion de la masse corporelle des personnages n'est pas des plus reluisantes, il en résulte un effet de flottement incongru. Les mouvements et l'animation de ces derniers, souvent exagérés, réussissent heureusement à accentuer le côté comique de l'intrigue. Particulièrement pour Timo que tout le monde semble prendre un malin plaisir à malmener constamment. Imperceptiblement, on s'attache à lui et à son étonnante progression, aussi bien mentale que physique. D'autant que Christophe Lemoine en fait des tonnes avec lui !
Si l'on accepte de lui pardonner ses quelques errements, Les gladiateurs de Rome se révèle peu à peu être une banale, mais efficace, tragi-comédie. Une tragi-comédie 3D revue et adaptée à l'ère moderne cependant ! On retrouve bel et bien l'essence du genre dans le film : l'aspect romanesque de l'histoire, l'humiliation du bannissement, la belle dulcinée qui rejette le héros, l'odieux rival qu'il faut éliminer, la quête à accomplir pour être pardonné, sans oublier la conclusion forcément heureuse. L'autre particularité amusante qu'apporte le film repose sur la troublante Diana. Visuellement, Diana est un transfuge évident de la célèbre héroïne virtuelle Lara Croft. Mais au lieu de jouer de son physique avantageux (ou douteux, c'est selon), sa personnalité se rapproche en réalité de celle de Maître Kesuke Miyagi, le célèbre mentor de Daniel LaRusso dans Karate Kid. Elle ne cherche pas à conquérir le coeur de Timo, simplement lui donner une chance de vivre un rêve qu'elle n'a apparemment elle-même pas réussit à atteindre. A la philosophie du « lustrer, frotter » se substitue celle du « rapporte-moi un seau d'eau », au cours de laquelle Timo va devoir apprendre à s'entraîner autour d'un geste banal de la vie quotidienne. Cependant, Diana va pimenter un peu le chemin qui conduit au puits ! De cette situation cocasse naît les plus folles et les plus drôles séquences du film !!
Noyé sous la masse des tubes anglais et des références incongrues (Batman, Dark Vador...), Les gladiateurs de Rome propose beaucoup trop rarement quelques belles musiques qui accompagnent les moments forts de la vie de Timo, dont une souligne magnifiquement son état d'esprit au milieu du film. Ce sera un gros regret pour moi autour de ce film, car la bande originale avait réellement tout le potentiel de réussir à vivre par elle-même, en vu de ces belles compositions originales et surtout sans aucune référence à des tubes externes à l'oeuvre. En contrepartie, reconnaissons qu'une fois de plus, le long métrage ayant été considéré comme une oeuvre de seconde zone par les éditeurs français, on retrouve avec un certain plaisir des comédiens de doublages français certifiés qui cabotinent avec un plaisir évident et communicatif. Cela rend donc l'expérience de Les gladiateurs de Rome satisfaisante, ce qui est bien suffisant pour se défouler un peu devant tant d'absurdités superbement amenées à l'écran !
Olivier J.H. Kosinski - 18 septembre 2015
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Doublage (France - 2015)
Timo : Christophe Lemoine
Lucilla : Barbara Tissier
Diana : Céline Ronté
Chirone : Jacques Frantz
Cassio : Anatole de Bodinat
Domitius : Paul Borne
Cessius : Vincent Ropion
L'architecte : Laurent Morteau
Sources :
Forum Doublage France