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Pathé !
Astérix et Obélix contre César

Astérix & Obélix contre César est le premier long métrage en prise de vues réelles adapté de la bande dessinée écrite par René Goscinny et dessinée par Albert Uderzo parue dès 1959. Il sort en salle en France le 3 février 1999, puis le 20 mars 1999 au Québec.

Bien que tourné en langue française, deux personnages ont nécessité d'être doublé en français, Andréa Ferréol prête sa voix à Marianne Sägebrecht pour Bonemine et Michel Élias donne la sienne à Gottfried John pour Jules César.

L'intrigue

En 50 avant Jésus-Christ, les armées de Jules César occupent toute la Gaule... Toute ? Non ! Car quelque part en Armorique, un petit village entouré de camps retranchés romains résiste victorieusement au puissant envahisseur. Au moment où César se prépare à envahir la Bretagne, il apprend que ce village tient en échec ses troupes et refuse de payer son impôt. Il confie alors la mission à Détritus de mater ces gaulois....

Analyse de l'oeuvre

Avant d'obtenir son tout premier long métrage animé, Tintin en a longtemps bavé et c'est principalement par le biais d'un film avec acteurs que le héros à la houpette a fait sa première vrai grande première au cinéma. Tout au contraire, notre Astérix national a été de multiples fois adapté sur grand écran dans divers longs métrages d'animation, mais il lui aura fallu quarante années pour être enfin incarné pour la toute première fois ! Dès la première annonce de la réalisation de Astérix & Obélix contre César, le long métrage est immédiatement devenu un projet pharaonique, excessivement ambitieux dans son approche, avec un énorme budget, le plus gros pour un film français à l'époque, même s'il restait encore largement insuffisant pour parvenir à dépeindre avec fidélité un univers longtemps imité mais jamais égalé. Projet fou proche de la démesure, nécessitant l'investissement et le soutien financier allemand et italien, dès qu'il sort en salle, Astérix & Obélix contre César, malgré sa bonne humeur, ne parvient pourtant pas à convaincre les foules ni à se détacher d'un film franchouillard potache, sorte de version XXL révisée et augmentée de la duologie Les visiteurs, gros succès du milieu des années 1990 en France et dont la présence de Christian Clavier dans les deux oeuvres ne fait que d'autant plus rapprocher entre elles. Pourtant, il y a eu un avant et un après, Astérix & Obélix contre César. En même temps que l'on changeait de décennie, entre 1990 et 2000, il y a eu un franche cassure entre les adaptations précédentes et suivantes du héros gaulois gavé de potion magique.

Jusqu'au passage aux années 2000, on cherchait avant tout à jouer Astérix, après ce passage fatidique, on a préféré jouer à Astérix. La frontière entre les deux est très ténue, pourtant elle existe quand on y prête attention. Jusqu'à Astérix & Obélix contre César, on s'efforçait avant toute chose à rendre hommage au personnage, à rentrer dans ses souliers et lui donner vie à l'écran, que ce soit en animation comme pour ses premiers acteurs. Après lui, chacun y est allé du meilleur moyen à s'approprier le personnage dans le but plus ou moins dissimulé de restaurer une carrière légèrement moribonde ou bien le faire aller dans une direction plus proche de la vision de l'artiste que de celle de Goscinny et Uderzo. Aujourd'hui, Astérix est contraint de se plier à la vision de ses adaptateurs, il n'est désormais plus question qu'un adaptateur fasse le moindre effort pour se plier à la vision d'Astérix. Astérix & Obélix contre César est incontestablement le film pivot, celui de la bascule entre les deux modes de réalisations, à la fois l'unique film live respectueux du matériel de base, tout en étant aussi celui qui s'est également laissé allé à faire un peu n'importe quoi. Vingt années après sa sortie, et malgré les nombreuses autres oeuvres qui ont vu le jour depuis, n'en déplaise aux aficionados de Astérix et Obélix - Mission Cléopatre, Astérix & Obélix contre César reste à mes yeux la seule adaptation live encore digne d'intérêt à ce jour. Et pourtant, des défauts, elle en a des tas !

Pourquoi ? Probablement parce qu'il est évident que Claude Zidi se fait avant tout plaisir, tout en ayant visiblement très envie de faire également plaisir à son public. Qu'on le veuille ou non, le réalisateur a réellement cherché à donner corps et âme à la plus célèbre peuplade gauloise armoricaine de la bande dessinée francophone. On retrouve cet aspect authentique, fidèle, voire même nostalgique, dans chacun des choix opérés dans le film, que ce soit en terme de décors que de mise en scène, mais également, et surtout, à travers les quelques très bonnes idées de casting, hormis peut-être dans le choix effectué pour le duo vedette (un comble, il est vrai). Astérix & Obélix contre César compte une très belle brochette d'acteurs internationaux, français, allemands et italiens dans la majorité des cas, dont la carrure, le style, voire la physionomie correspondant parfaitement aux personnages issus de la bande dessinée. Michel Galabru s'impose de lui-même (pourquoi n'y avait-on pas pensé avant ?) en Abraracourcix, tout comme c'est le cas de Sim en Agecanonix. Grimé comme il est malgré ses apparitions très limitées, Pierre Palmade fait mouche en Assurancetourix, tout comme c'est le cas d'Arielle Dombasle en Madame Agecanonix. On notera aussi la très bonne idée d'avoir intégré Jean-Pierre Castaldi en Caius Bonus. Du côté des acteurs internationaux, Gottfried John en impose vraiment dans son rôle de Jules César, bien plus que ses deux oubliables successeurs dans les films suivants. Je lui regrette juste la voix de Michel Elias, qui le double pour la version française, qui ne lui convient pas tout à fait je trouve. Même si elle ne ressemble plus vraiment à la Bonemine telle qu'on l'a connaissait jusqu'à présent, Marianne Sägebrecht est aussi résolument un très bon choix.

Pour le reste de la distribution, il y a aussi quelques ratages. Le costume de Jean-Roger Milo est par exemple si ridicule que l'on a toutes les peines du monde à croire en cet étrange Cétautomatix. Si l'immense Claude Piéplu, et sa voix si caractéristique, sont immédiatement reconnaissables, il ne fait pas vraiment honneur à la personnalité de Panoramix, réduit ici à un personnage excessivement excentrique contrairement à la bande dessinée. L'intégration de Laetitia Casta en Falbala se résume juste à "soit belle et tais toi", même s'il est vrai qu'elle donne un air de famille à l'amoureuse d'Obélix, tout comme c'est aussi le cas de Hardy Krüger Jr. en Tragicomix. Aucun des deux ne sert à quoi que ce soit dans l'intrigue (dont l'ultime scène de dédoublement de Falbala a un goût très douteux dans notre ère actuelle du "MeToo"), si ce n'est d'être là façon "fan service". Reste enfin le cas de Christian Clavier en Astérix. Ai-je le droit de reprocher à l'artiste de faire du Christian Clavier quand on sait que, durant sa longue carrière, il a quasiment toujours fait du Christian Clavier ? Ce qui est le plus dérangeant dans Astérix & Obélix contre César, c'est que l'acteur n'entre pas dans le personnage. Ce n'est pas Astérix qui est à l'écran, mais Christian Clavier qui joue à Astérix tout au long du film. Paradoxalement, le duo qu'il forme avec Gérard Depardieu fonctionne, beaucoup mieux que les deux autres duos qui lui succéderont par la suite. Je suis donc incapable de vraiment lui en vouloir même si, souvent, je ne peux voir dans son interprétation qu'une pure résurgence de son célèbre Jacquouille propulsé au milieu des romains.

C'est d'ailleurs par ce biais que Astérix & Obélix contre César peut être discrédité, Christian Clavier constitue le premier élément de basculement des deux ères d'Astérix au cinéma, même s'il n'est pas le seul. Roberto Benigni est également le trublion de service qui s'accapare, quasiment à lui seul, tout le potentiel du long métrage. En même temps, comment lui en vouloir ? Roberto Benigni est fabuleux dans le rôle de Tullius Detritus ! L'acteur italien à un talent rare, une gestuelle caractéristique, un franc parler jubilatoire, il ne souffre donc d'absolument aucun réel reproche à son encore si ce n'est, évidemment, de tirer la couverture à lui alors qu'elle aurait normalement dût être placée exclusivement entre les mains d'Astérix et d'Obélix. Paradoxalement, Christian Clavier, Gérard Depardieu et Roberto Benigni forme un trio d'acteurs principaux ayant à peu près le même temps de présence à l'écran, tout le contraire en somme de Astérix & Obélix - Mission Cléopâtre notamment, que je n'ai jamais aimé pour ça, car il relègue Astérix et Obélix à des personnages secondaires sans consistance aucune. Du coup, je dois admettre que la relation de ce trio d'acteur fonctionne à merveille, particulièrement les moments de quiproquos qu'entretiennent Obélix et Tullius Detritus, tout comme les petites éternelles querelles d'Astérix et Obélix.

En terme d'ambiance visuelle, Astérix & Obélix contre César est dans l'entre-deux. D'un côté, le réalisme et la beauté des décors préfabriqués sont souvent sidérants, voire extrêmement fidèles à ce qu'on s'imagine à la lecture de la bande dessinée. Le village des gaulois est bluffant de réalisme, d'autant plus quand on sait la difficulté rencontrée par les artisants et les décorateurs limités à la fois par la surface du studio et le budget très serré alloué à une telle réalisation. J'en déplore d'ailleurs sa nécessaire destruction après le tournage du film ! Le camp romain bénéficie également d'un soin tout particulier, l'ensemble semblant vraiment sortir d'une case issue des dessins de Uderzo. Pour l'ambiance sonore, Jean-Jacques Goldman et Roland Romanelli font clairement un vrai sans faute. On retiendra particulièrement l'air celtique associé à Astérix et Obélix, que l'on découvre d'ailleurs dès l'ouverture du film accompagnant à la fois la vie paisible du duo et la chevauchée de Jules César. Le morceau a le mérite de devenir un classique instantané, à tel point que quelques notes suffisent aujourd'hui pour reconnaître immédiatement le film dont il provient, comme c'est le cas pour Star Wars ou Harry Potter par exemple.

Pour ce qui concerne les effets spéciaux par contre, et ceux malgré le budget alloué, Astérix & Obélix contre César ne fait vraiment pas dans la finesse. La principale faute émane surtout de certaines idées de scénarios complètement tirées par les cheveux (la multiplication finale, franchement...) qui semblent avoir été placées là exclusivement pour montrer le savoir faire européen dans le domaine. L'erreur est malheureusement grossière, car la France était à cette époque très loin d'égaler les américains dans la course frénétique aux effets spéciaux de plus en plus réalistes. Astérix & Obélix contre César souffrait malheureusement déjà de la comparaison en 1999, c'est encore plus flagrant aujourd'hui. Paradoxalement, ce sont surtout les séquences les moins spectaculaires qui réussissent toujours à faire illusion aujourd'hui et, plus logique, celle qui n'ont recours qu'aux trucages classiques, à l'image de cette impressionnante séquence tournée avec de vrais crocodiles. Pour le reste, Astérix & Obélix contre César n'échappe pas non plus à l'accueil des effets spéciaux peu inspirés, sortes de version XXL de ceux exploités dans Les visiteurs 2 - Les couloirs du temps (Par exemple, même effets, mêmes réactions, quand on boit les potions magiques dans les deux).

Là où le bas blesse, c'est évidemment du côté du scénario. Astérix & Obélix contre César ne fait vraiment pas dans la finesse, la plupart des idées originales élaborées par Claude Zidi sont pour la plupart toutes extrêmement mauvaises, exception faite de Tullius Detritus mais par la grâce du talentueux Roberto Benigni et non celle de Claude Zidi. A contrario, les passages les plus réussis sont tous issus de l'imagination fertile de Goscinny, preuve que le talentueux scénariste savait écrire de bonnes histoires. Astérix & Obélix contre César emprunte ainsi à Astérix le gaulois, pour la présentation des personnages et leur rencontre avec César, à Astérix légionnaire pour la douce romance à sens unique entre Obélix et Falbala, à Le Devin dont c'est d'ailleurs la deuxième fois qu'il est utilisé après Le coup du menhir dix ans auparavant, le film emprunte aussi à Astérix et le Chaudron son collecteur d'impôt, sans oublier Astérix et les Goths pour ce qui est de kidnapper Panoramix dans la forêt des Carnutes. Quand au reste de l'intrigue, souvent, l'ensemble tombe à plat, si ce n'est de tomber carrément à côté de la plaque à l'image de Mathusalix et sa mixture de licorne, l'idée la plus fumeuse de tout le film.

Si l'on ne peut absolument pas se sortir de la tête que la montagne a vraiment accouché d'une souris autour de ce projet français hors norme, Astérix & Obélix contre César reste finalement ce qu'il a toujours été à la base, aujourd'hui comme il y a vingt ans : un long métrage sans prétention aucune à la gloire des deux héros imaginés par René Goscinny et Albert Uderzo quarante ans plus tôt. C'est déjà bien suffisant finalement.

Olivier J.H. Kosinski - 23 août 2019

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Voxographie Francophone

Doublage (France 1999)

Bonemine : Andréa Ferréol

César : Michel Élias

Sources :
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