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Mulan possède deux versions francophones, toutes deux parues la même année. Pourtant elles restent toutes deux très différentes.
Le Québec a bénéficié, comme de coutume, du film dans notre langue en premier. Cependant, pendant que la France produira un film plutôt enjoué, le Québec accentuera les côtés sombres du scénario en choisissant des acteurs plus matûres et souvent beaucoup plus investis dans le rôle de leurs personnages. Mulan y est présentée plus âgée, qui se sent coincée par les protocoles hommes-femmes de la Chine, mais n'hésitant pas à affirmer ses profondes convictions. Shang y tient également sa meilleure interprétation, car sa voix, qui semble si réservée, permet de se rendre compte à quel point celui-ci est trop jeune et inexpérimenté pour la tâche qui lui a été confiée, confortant les dures réprobations de Chi-Fu, le conseiller de l'empereur. Daniel Picard conforte peu à peu son personnage au fur et à mesure que le film avance. S'il a beaucoup de mal à s'exprimer au début, son personnage prend du caractère jusqu'au dénouement. Bluffant. Les autres personnages restent également très équilibrés, même si on peut parfois regretter une voix pas vraiment adaptée pour Yao, semblant particulèrement vieux dans cette version. La version québécoise reste indubitablement séduisante à plus d'un titre.
La version française du film se veut nettement plus fraiche. Les personnages sont ainsi plus enjoués, et plus jeunes. La version française favorise l'humour et l'émotion positive. Elle gomme cependant trop facilement le caractère immature de Shang, devenant ainsi, dès sa première apparition un meneur d'homme averti et sérieux. Ce qui est loin d'être le cas. Mulan y est personnifiée comme une frèle jeune fille tétue comme une mule, que rien ne semble arrêter. Ce qui est loin de dénaturer le personnage en fin de compte. Incontestablement, la version française possède un point fort indéniable : Mushu. José Garcia accentue de façon incroyable la mauvaise fois du personnage, détrônant sans le moindre scrupule le précédent champion de la catégorie : Timon. Rendant ainsi le personnage sournois, car il n'hésite devant aucun stratagème pour obtenir ce qu'il désire. Lui aussi découvrira la futilité de son ambition, en même temps que Mulan. Puis José Garcia modifiera sensiblement sa voix, faisant du personnage un ami, certes envahissant, mais pour qui ont peut toujours compter.
Si je reste plutôt fidèle à la version française, que j'ai connue en premier, la richesse d'interprétation et le ton résolument adulte et sérieux de la version québécoise incite une nouvelle lecture de l'oeuvre. Il m'arrive assez rarement de préférer une version québécoise ou une version française, mais dans ce cas précis, je ne peux que m'éverveiller sur la première. Profondément impliqué par le second niveau de lecture de l'oeuvre, le Québec offre une version nettement plus palpitante, sérieuse et plus sensible à l'aventure de Mulan. Là où la version française s'évertue à faire ressortir le caractère comique, la version québécoise s'appuiera sur la dureté de la guerre, et les tourmants des personnages. Les deux versions méritent donc tout à fait d'être visionnées l'une à la suite de l'autre, faisant ainsi découvrir au spectateur la double lecture du scénario. Enrichissant et adulte, le doublage québécois ne sera peut-être pas apprécié des fans français attachés à leur version, pourtant, il reste à mon humble avis, la meilleure adaptation du film. La version française n'en reste pour autant pas une oeuvre sans saveur, son caractère espiègle donne simplement un autre sens plus optimiste au film.
Nota Bene : La liste des comédiens ayant contribué à ces doublages francophones est disponible dans la fiche dédiée du film. Merci de vous y reporter.
Olivier J.H. Kosinski - 17 mai 2008