La lecture des vidéos directement depuis le site nécessite l'installation des cookies "eXperience" et "Catalogue" ainsi que des cookies tiers "Youtube" et "Vimeo". Conformément à la décision de la CNIL datant du 27 juillet 2016, votre consentement est donc nécessaire pour activer cette fonctionnalité.
Le film est l'un des rares cas où il a été doublé à trois reprises en France. Le Québec a bénéficié des deux de ces trois versions, mais n'a encore jamais proposé de doublage propre à la Province Canadienne.
Le premier doublage français (1955) n'est uniquement passé au cinéma, et n'a eu droit qu'à une unique sortie vidéo officielle de Disney en 1987 au Québec. Désavoué ? Perdue ? Conflit avec les doubleurs ? Nul ne le sait. Mais le talent d'un duo de fans (Pascalos et DAM) a réussi à retrouver cet ancien doublage dont je peux ainsi vous parler sur le site. Ce premier doublage a ainsi le mérite indéniable de coller parfaitement au doublage anglais. Celui ci joue à fond la carte des classes sociales. Le style vocal et linguistique est en effet parfaitement maîtrisé. Lady parle d'une voix calme, posée, réfléchie dans un registre soutenu, typique des personnes de bonnes familles pendant que le clochard parle l'argot, jure comme un charretier ou parle le langage de la rue dans un style très familier. Dans la première version, il y a donc une vraie frontière de classe. Lady, Darling et Jim ont ainsi un dialecte posé, très recherché, raffiné même. Au contraire, Clochard et les chiens de la fourrière parlent rustique, argos parfois, un vrai dialecte de rue. La rencontre choc des deux mondes est ainsi parfaitement maîtrisée. Une véritable réussite.
A la fin des années 80, cette frontière de classe a été atténuée dans les dialogues. Si bien que dans le second doublage de 1989, les personnages parlent tous dans un registre courant, même s'il on note évidemment une certaine retenue chez les chiens aisées, et un laissez aller évident du côté des chiens de rues. Très atténué par rapport au doublage d'origine, ce style de langage reste toutefois bien présent. Mais ce doublage fait très fort, quasiment rien que par la présence de Roger Carel dans le rôle de Jock. Accentuant à l'extrême le style anglo-saxon du chien, Roger Carel insuffle une vie palpitante au personnage. Heureusement, le reste des doubleurs s'en sort également admirablement bien, mention spéciale aussi à Lady, jouée par une Dominique Chauby enjouée et parfaitement dans le ton de la ravissante héroïne du film. Même si le second doublage perd les références aux classes sociales des héros, il n'en reste pas moins parfaitement joué d'un bout à l'autre. Encore une fois, un très bon doublage.
Le doublage le plus récent du film qui date de 1997 évince inévitablement la moindre allusion aux classes sociales des personnages. Déjà amorcé dans le second doublage, cette notion disparaît complètement ici. Ce n'est pas vraiment un volonté de Disney France d'effacer cette différence, il s'agit tout simplement d'une sorte de corrélation avec notre monde actuel. Tout le monde aujourd'hui parle ainsi dans le même registre (courant), et cela ne nous choque pas du tout de voir les personnages en faire autant. D'autant plus qu'une fois encore, les doubleurs se démènent comme des diables pour proposer un doublage d'excellente qualité. Évidemment, le Clochard se permet des tournures que Lady ne se permettrait pas, mais rien ne dépassant notre langage habituel courant.
Radicalement opposées entres eux, les trois doublages donnent un style et une vision unique à l'oeuvre. Il est en effet impossible de les rapprocher entre eux, car ils diffèrent tous entièrement. Et là où Disney France joue un tour de force, c'est que malgré cette constatation, les trois doublages sont tous d'excellente qualité. Bluffant ! La plus grosse différence provient avant tout du jeu d'acteur entre les trois versions. La frontière des classes sociales apparaît dans toute sa splendeur dans le premier doublage. Le puriste fan de l'oeuvre ne devra jurer que de celui-ci dans sa vidéothèque. Pourtant, la performance de Roger Carel, Patrick Poivey et de Dominique Chauby (dans le second doublage) méritent amplement d'être écouté et apprécié. Enfin, et malgré l'absence totale de registre de langage, le dernier doublage propose un duo gagnant Barbara Tissier (Lady) / Guillaume Lebon (Clochard) qui fait merveille, rehaussé par la présence de Michel Panineshi (Jim Chéri) que les français apprécient pour être la voix officielle française de Robin Williams. La belle et le clochard, ce sont trois doublages, trois visions radicalement opposées, mais trois interprétations de qualité. Incontournable d'en posséder... les trois !
Nota Bene : La liste des comédiens ayant contribué à ces doublages francophones est disponible dans la fiche dédiée du film. Merci de vous y reporter.
Olivier J.H. Kosinski - 15 septembre 2007