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A Don Bluth Film
Rock-O-Rico

Rock-O-Rico est sorti en salle le 3 avril 1992 au Québec, puis le 24 juin 1992 en France. Il serait question de l'existence d'une version québécoise de ce film sorti uniquement en salle, mais en dehors du site officiel du doublage québécois qui fait mention d'une telle version, aucun comédien n'a été identifié et aucune trace de ce doublage n'a été retrouvé à ce jour. Notons que dans la version française, le film fait appel à trois chanteurs célèbres : Eddy Mitchel, Lio et Tom Novembre.

Le saviez-vous ? Eddy Mitchell présentait entre 1982 et 1998 l'émission télévisée La dernière scéance dans laquelle il conviait les téléspectateurs à visionner des classiques du cinéma américains durant l'âge d'or des grands studios Hollywoodiens (entre 1930 et 1960). Son émission était souvent le rendez-vous mensuel à ne pas rater pour découvrir certaines des bandes annonces de films, y compris d'animation. Couplé à sa carrière musicale, on s'étonnera donc peu de le retrouver dans le rôle titre pour la version française de ce film qui correspond en tout point à l'ambiance que dégageait La dernière scéance.

L'intrigue

Chantecler a tout d'une star de la basse-cour. Tous les matins, grace à son magnifique rock-o-rico, il a la faculté de commander au soleil de se lever ! Jusqu'au jour où le Grand Duc, jaloux de son succès, le provoque en duel. La star, épuisée, en oublie de chanter au lever du jour et, stupeur, le soleil se lève quand même. Ridiculisé, Chantecler est obligé de quitter la ferme et doit désormais tenter sa chance dans la grande ville voisine.

Analyse de l'oeuvre

Avec Rock-O-Rico, le début de la fin du studio Don Bluth est déjà largement engagé. Malgré ses défauts son prédécesseur, Charlie, mon héros, avait su donner le change pour peu que vous arriviez à trouver une quelconque affinité avec les personnages. Mais le déclin du studio du trublion de l'animation était déjà amorcé à ce moment là. Manifestement en manque d'inspiration, et sans aucun doute totalement dépassé par le retour au succès du studio Disney, l'équipe de Don Bluth décide donc d'aller chiper une idée aux studios aux grandes oreilles pour construire leur nouveau long métrage. Toutefois, cette idée fut écartée par Walt Disney lui-même, faute de trouver une histoire consistante à raconter. Don Bluth se casse donc lui aussi les dents en échouant à rendre intéressant Rock-O-Rico. Mais avant d'aller plus loin, remontons au préalable très loin dans le passé.

Dans notre machine à remonter le temps, nous voici maintenant à l'année 1937. Cette année là, la production de Blanche-Neige et les sept nains bat son plein, et Don Bluth vient au monde. Pendant ce temps Walt Disney récupère les droits d'adaptation de la pièce de théâtre française Chantecler écrite par Edmond Rostand et représentée pour la toute première fois au public le 7 février 1910 au théâtre de la Porte Saint Martin à Paris. Cette pièce de théâtre met en scène des animaux de basse-cour anthropomorphes qui vouent un culte au coq Chantecler qui prétend que son chant commande au soleil de se lever chaque jour. Cependant, Chantecler va un jour croiser une faisane pour qui il va tout oublier, jusqu'à ne pas pousser son chant. Le soleil se levant sans lui, il est dès lors discrédité par tout un chacun. En 1941, les droits d'adaptation sont acquit. La guerre vient cependant bouleverser complètement la donne, Chantecler est alors mis de côté. Le projet est mis en sommeil jusqu'en 1945, date à partir de laquelle Walt Disney décide d'associer ce récit - dont l'histoire jugée trop intellectuelle manque cruellement de consistance - à un recueil de contes moyenâgeux connu sous le nom de Le roman de Renart. Malheureusement, cinq nouvelles années passent, le projet s'enlise à n'en plus finir. Walt Disney y met donc une seconde fois un terme.

Les années filent, Chantecler semble condamné à ne jamais se voir porté à l'écran. En 1960, Marc Davis décide pourtant de faire renaître une fois encore le projet. Si dans un premier temps, Walt Disney se laisse convaincre de la faisabilité de ce long métrage, il décide contre toute attente d'enterrer une fois de plus le projet l'année suivante pour raisons économiques. Il s'endort une fois de plus dans les archives du studio. En 1968, Don Bluth est engagé au département layout (la mise au propre des plans et des décors avant la phase d'animation). Il gravit très vite les échelons pour devenir à partir de 1971 animateur au sein des Walt Disney Animation Studios. Il prend donc rapidement connaissance des nombreux travaux préparatoires de Marc Davis autour de Chantecler, notamment lorsqu'il participe à la conception de Robin des Bois sorti en 1973 qui s'en inspirera en grande partie. La qualité générale de ce travail préparatoire l'impressionne sans nul doute, à tel point qu'il va le conserver longtemps en mémoire. Mais tout n'est pas si rose au sein de la compagnie Disney. Dans les coulisses, Don Bluth fomente un début de rébellion à partir de 1973 où il s'associe avec deux autres animateurs des studios (Gary Goldman et John Pomeroy) afin de réaliser un moyen métrage indépendant : Banjo, le chat malicieux. Il leur faudra environ 6 années pour arriver au bout de leur projet secret, où ils n'hésitèrent pas à puiser dans les archives des studios Disney le matériel qui leur était nécessaire pour mener à terme leur travail. Le succès du moyen métrage sera au rendez-vous, si bien que le 20 septembre 1979 les trois compères quittent l'empire Disney avec fracas. Pendant ce temps, nouveau rebondissement en 1981 chez Disney, Mel Shaw tente en vain une dernière fois de remettre Chantecler sur les rails... Ce sera peine perdue cette fois encore.

Volant désormais de leurs propres ailes et plaçant plusieurs films d'animation majeurs pendant dix ans, Don Bluth et Gary Goldman décident aux alentours de l'année 1989 d'exhumer une nouvelle fois le projet Chantecler. Ils font ainsi le paris de réussir à le concrétiser, là où Walt Disney lui-même y avait plusieurs fois renoncé. Toutefois, pour éviter d'être accusé de plagiait, le scénario de leur nouveau long métrage est très profondément remanié. Du projet d'origine n'est ainsi conservé que l'idée des animaux anthropomorphes, le méchant Grand Duc (nommé Dorival dans la pièce), la faisane (rebaptisée Goldie dans le film) et le fait que Chantecler est incapable de commander au soleil avec son chant. Tout le reste n'étant plus que de l'invention pure. L'univers de Chantecler est ainsi délocalisé dans un monde hétéroclite à mis chemin entre la fin des années 1960 et les années 1980, où Chantecler est désormais... une star de Rock'N'Roll désabusée surnommé le King. Inutile d'aller chercher bien loin l'inspiration de ce personnage, puisqu'il n'est ni plus ni moins que le transfuge animé d'Elvis Presley.

Ce n'est malheureusement pas suffisant pour en faire un bon film car Rock-O-Rico s'enlise assez vite dans une aventure sans aucune consistance. A l'exception du mince fil rouge, très tiré par les cheveux, qui consiste à retrouver Chantecler pour libérer une ferme d'une pluie dévastatrice, l'intégralité du scénario n'est qu'une longue et ennuyeuse succession de péripéties sans queue ni tête. Pire, Rock-O-Rico nous ressert à peu de choses près exactement la même recette que Charlie, mon héros. Don Bluth semble ainsi affectionner l'univers du polar avec ses gangsters et leurs feutres impeccables, une constante que l'on retrouvera tout au long de sa carrière : de Fievel et le nouveau monde à Titan A.E.. On retrouve donc ici peu ou prou la même chose, avec un héros tourmenté qui ne devra son salut que par l'intervention d'un jeune enfant. Au rayon des reproches, notons aussi une constante par rapport à tous les films du studio : si les décors sont pour la plupart réussis, l'animation des personnages laisse souvent à désirer, car Don Bluth abuse une fois de plus trop de la technique de rotoscopie. On notera d'ailleurs au passage que Goldie servira de base à la conception de Poucelina deux ans plus tard, puisque l'intégralité de ses mimiques seront répliquées d'un personnage à l'autre.

Tout n'est cependant pas à jeter aux orties, car accordons tout de même le mérite à Rock-O-Rico d'innover et expérimenter de nouvelles choses. D'abord, le long métrage introduit pour la première fois l'animation assistée par ordinateur. Le résultat, relativement discret à l'exception de la scène d'introduction, reste aujourd'hui encore agréable à l'oeil puisque le film n'en abuse pas. Rock-O-Rico est aussi l'occasion de proposer pour la toute première (et dernière) fois une combinaison animation et prise de vue réelles, même si le résultat est loin d'être probant de nos jours. Le seul soucis de ces scènes étant qu'on ne trouve aucune justification cohérente à leur place dans le film. Rien ne nécessitait qu'elles soient intégrées à Rock-O-Rico, puisqu'elles plombent d'autant plus le récit déjà peu cohérent à la base. Enfin, le long métrage propose pour la première fois quelques chansons (mais pas toutes) vraiment agréables à écouter, largement au dessus du désastre auditif entendu dans Charlie, mon héros.

Descendu en flèche par les critiques, et totalement oublié par le public qui est lui encore plongé dans l'effervescence de l'écrasante victoire au box office de La belle et la bête, Rock-O-Rico finit par tomber dans le complet anonymat. Le studio Don Bluth est à partir de là au coeur de la tourmente. Désavoué par ses investisseurs qui ne croient désormais plus du tout en lui, Don Bluth est désormais contraint de réaliser des films de commande, reposant sur la formule Disney, avec notamment Poucelina qui ne brillera pas plus au box office. La chute du studio est maintenant inéluctable. Aujourd'hui, Rock-O-Rico n'est sauvé du désastre que par la qualité de sa version française très inspirée car elle fait intervenir des chanteurs français chevronnés, plus particulièrement l'excellent Eddy Mitchell dans le rôle de Chantecler, qui nous offre des chansons remarquables. Mais ce sera à peu près tout ce que l'on retiendra, car Rock-O-Rico ne restera pas longtemps gravé dans votre mémoire.

Olivier J.H. Kosinski - 28 novembre 2014

Bande annonce

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18 août 2004
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Voxographie Francophone

Doublage (Québec - 1992)
Exploité au cinéma uniquement

Comédiens non spécifiés

Doublage (France - 1992)

Patou : Philippe Dumat

Chanteclerc : Eddy Mitchell

Long-bec : Philippe Lavil

Edmond : Maël Davan-Soulas

Mère d'Edmond : Régine Teyssot

Père : Philippe Peythieu

Le Grand Duc : Tom Novembre

Couinie : Sophie Darel

Grolard : Philippe Peythieu

Dos-Rond : Boris Bergman

Goldie : Lio

Pinky l'impresario : Paul Ives (Chant)

Serveur rhinocéros : Georges Atlas

Murray : Philippe Peythieu

Voix off : Gilbert Levy

Une poule : Véronique Augereau

Sources :
Doublage au Québec
Dans l'ombre des studios
Forum Doublage France

3.5